Économie

Malgré l’accord de l’Opep+, le pétrole a terminé la semaine au plus bas depuis 2002

Une semaine après la confirmation de l’accord « historique » de réduction de la production pétrolière par les pays de l’Opep+, la situation ne s’améliore pas sur le front des cours. Hier vendredi, le pétrole a terminé la semaine sur un fort repli.

À New York, le prix du baril a chuté 8,1% à 18,27 dollars, son plus bas niveau depuis janvier 2002. Le Brent a mieux résisté, avec une légère hausse de 0,21% à 28,32 dollars mais, sur la semaine, il a lâché 11,22%. Depuis le début de l’année, le Brent perd plus de 57%.

Le prix du panier Opep, qui contient treize pétroles dont le Sahara Blend algérien, ne fait pas mieux. Il s’est établi jeudi 17,73 dollars, selon les dernières données de l’Organisation publiées vendredi.

« Les baisses de production promises par l’Opep (l’Organisation des pays exportateurs de pétrole) et ses alliés doivent se mettre en œuvre et la baisse de la production aux États-Unis ne se fait pas assez rapidement au vu de l’abondance d’or noir sur le marché », remarque Phil Flynn de Price Futures Group, cité par l’agence AWP.

« La crise pétrolière que nous vivons actuellement est unique. On a déjà enregistré de fortes chutes des prix, entre l’été 2014 et le début 2016, en 2008, à la fin des années 1990, ou encore en 1986. Mais ce qui est exceptionnel, c’est que cette crise est marquée par une très forte chute de la demande liée à la pandémie de coronavirus, ce qui n’était pas le cas lors des précédentes ou en tout cas, pas de cette ampleur. C’est ce qui a conduit les pays producteurs de l’Opep à parvenir à un accord en avril alors que certains, comme la Russie, l’avait refusé en mars », explique Francis Perrin, spécialiste des questions énergétiques à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) dans un entretien ce samedi à France Culture.

« Autre inconnue : quelle sera l’ampleur de la réduction de la demande au second trimestre 2020, qui correspond au pic de la pandémie du Covid-19 et de ses impacts économiques ? 12 millions de b/j ? 15 millions ? 20 millions ? Ce qui est sûr, c’est que la chute de la consommation mondiale de pétrole sera massive. Il faut rappeler que c’est la première depuis 2009 qui correspond à la crise financière de 2008. Depuis 2010, cette consommation n’a fait qu’augmenter, y compris en 2019 », poursuit-il.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a prévenu cette semaine que la demande mondiale de pétrole devrait au total subir cette année un effondrement « historique » de 9,3 millions de barils par jour (mbj), et retomber en avril à son plus bas niveau depuis un quart de siècle.

Pour sa part, l’Opep a annoncé, jeudi, prévoir un effondrement historique de la demande mondiale de pétrole en 2020 en raison de la grave crise provoquée par le coronavirus Covid-19.

« Le marché pétrolier subit actuellement un choc historique brutal, extrême et à l’échelle mondiale. Le creux saisonnier typique pour les raffineurs, à la fin du premier trimestre de chaque année, est exacerbé par une destruction sans précédent de la demande de pétrole en raison de la propagation mondiale du COVID-19 », indique l’Opep dans son rapport mensuel pour le mois d’avril.

La compagnie d’État saoudienne Aramco a annoncé vendredi qu’elle allait mettre sur le marché 8,5 millions de barils par jour (mbj) à partir du 1er mai, en application d’un accord sur la réduction de la production entre producteurs de pétrole. La compagnie n’a pas précisé quelle part serait réservée à l’exportation et quelle part au marché intérieur.

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