Économie

Malgré le risque de guerre, le pétrole peine à s’emballer

Le cours du baril de Brent, pétrole de référence pour le Sahara Blend algérien, s’établissait ce mercredi 8 janvier en fin de matinée aux alentours de 68,7 dollars, en légère hausse de 0,6%. Pourtant, quelques heures auparavant, l’Iran lançait des frappes contre une base militaire abritant des soldats américains en Irak dans ce qui pouvait être considéré comme une escalade militaire inédite entre Téhéran et Washington.

Le Brent avait depuis vendredi connu une tendance haussière suite à l’annonce de l’assassinant du général Soleimani, tué lors d’une attaque aérienne de l’armée américaine en Irak. Après avoir grimpé de plus de 4% vendredi, le pétrole a dépassé la barre des 70 dollars – en séance – en début de semaine pour la première fois depuis septembre 2019.

Alors que le risque de guerre n’a jamais semblé aussi concret, l’Iran jurant vengeance et le président américain menaçant l’Iran de crimes de guerre en cas de représailles, le pétrole n’a cependant pas été en mesure de s’emballer pour atteindre de nouveaux sommets. Les cours du Brent semblent ainsi bloqués au niveau des 70 dollars.

L’incertitude qui aurait causé une flambée des prix par le passé a poussé cette fois les acteurs et observateurs du marché pétrolier à adopter une attitude plus mesurée, comme ce fut le cas lors de l’attaque contre les installations pétrolières saoudiennes en septembre dernier.

« On n’est plus dans les années 1970 où la moindre tension au Moyen-Orient avait un effet direct sur les prix à la pompe », souligne le magazine français Le Point, qui explique que « depuis quelques années, les États-Unis sont devenus un acteur majeur du brut. Grâce au pétrole et au gaz de schiste, abondants dans son sol, le pays est devenu le premier producteur mondial », précise la même source.

« À près de 70 dollars le baril, cours de ce début de semaine, le prix est parfait : il offre de bons revenus aux producteurs et ne pèse pas trop sur l’activité économique mondiale », résume Le Point.

« Si les tensions finissent par s’apaiser, ou du moins restent au niveau actuel, les cours devraient redescendre autour de 60 dollars, qui est le prix d’équilibre du marché », prévoit Philippe Chalmin, professeur à Paris-Dauphine et spécialiste des matières premières, cité par Marianne. La hausse limitée pourrait néanmoins être bouleversée dans le cas d’une réplique violente de l’Iran, considère cependant la même source. « Les marchés craignent en particulier un blocage par les Iraniens du détroit d’Ormuz », fait savoir Philippe Chalmin. « Dans ce cas, les conséquences sur les prix pourraient être véritablement catastrophiques », avertit-il. Un blocage du détroit pourrait ceci dit s’avérer contre-productif pour l’Iran elle-même et ses alliés, à l’image de l’Irak et du Qatar, dont une grande partie des exportations passent par Ormuz, indique Marianne.

Après l’attaque menée par l’Iran contre une base américaine en Iran ce mardi soir, le sort du pétrole pourrait résider dans l’éventualité ou non de pertes humaines américaines. Alors que l’Iran annonce la mort de 80 Américains dans le raid mené contre la base Al-Asad, le président des Etats-Unis a fait savoir sur Twitter que « tout va bien », suggérant que le bilan n’était pas lourd.

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