Après plusieurs années de fermeture, le marché des voitures en Algérie a repris progressivement depuis fin mars 2023. Plusieurs constructeurs mondiaux ont, depuis, repris ou lancé leur activité d’importation et de commercialisation en Algérie.
La nouveauté par rapport à la période d’avant la fermeture, c’est l’entrée en force des marques chinoises par rapport aux Européennes.
En 2013, la Chine détrônait la France et devenait le premier fournisseur de l’Algérie. Un peu plus de dix ans plus tard, elle est en train de devenir le premier pourvoyeur de véhicules d’un marché algérien dominé pendant longtemps par les automobiles européennes, particulièrement les marques françaises Peugeot et Renault.
Ces deux derniers ne figurent pas dans la liste des constructeurs dont les concessionnaires ont été agréés pour commercialiser leurs véhicules en Algérie, dévoilée le 15 janvier dernier par un haut responsable du ministère de l’Industrie, Mokdad Aggoune, directeur de l’intelligence économique et chargé du dossier automobile.
Le 25 janvier, le directeur général de Renault Algérie a révélé à TSA que l’usine du groupe à Oran n’a pas encore obtenu les autorisations nécessaires pour reprendre les activités d’assemblage. Des marques françaises, seule Citroën (groupe Stellantis) figure parmi les marques agréées définitivement, au nombre de 12, sur un total de 41 agréments provisoires délivrés.
En revanche, les Chinois sont en force. Le groupe Stellantis est entré fin mars 2023 en Algérie avec sa marque Fiat. Il a été suivi en novembre par le Chinois Cherry qui a proposé un de ses modèles, la Tiggo 2, à 1,99 millions de dinar, une petite révolution après les records atteints ces dernières années par les prix du neuf.
Importation et production de véhicules en Algérie : les Chinois en force
L’autre marque chinoise, Geely, devait faire entrer sa première cargaison début janvier dernier, mais elle a dû reporter l’opération à cause des tensions sur la navigation maritime en Mer Rouge.
Les prix qui devraient être appliqués à ses modèles varient entre 2,49 millions et 4 millions de dinars. Les autres marques chinoises agréées et qui ont entamé ou s’apprêtent à lancer les opérations d’importation et de commercialisation de leurs véhicules en Algérie sont Sokon, JAC, JMC, DFSK et Victory. Cette dernière serait sur le point d’introduire des véhicules bon marché, à partir de 1,5 millions de dinars.
Bien que de nombreuses autres marques mondiales soient agréées, à l’image de Citroën, KIA, Toyota, Nissan et Opel (Stellantis), les marques chinoises semblent bien parties pour dominer le marché automobile algérien à cause des prix qu’elles proposent, si la tendance actuelle se poursuit.
Le total des quotas d’importation algériennes pour 2023 se sont élevés à 180 000 véhicules pour un montant global de 1,9 milliard de dollars.
Les Chinois sont également en force en ce qui concerne l’installation en Algérie d’unités de production en adéquation avec la nouvelle stratégie des autorités en la matière.
L’Algérie souhaite lancer une véritable industrie automobile avec un taux d’intégration élevé, contrairement à la première expérience d’assemblage lancée en 2013. Selon Mokdad Aggoune, les services du ministère de l’Industrie se penchent sur l’étude de 30 dossiers d’ouverture d’usines, dont 75% émanent de marques asiatiques et 25% de constructeurs européens.
Le Chinois Chery a déjà lancé la concrétisation de son projet d’usine à Bordj Bou Arreridj, à l’est du pays. Selon la direction du représentant de la firme en Algérie, l’unité entrera en production en octobre 2024 avec une capacité initiale de 24 000 véhicules par an pour passer à terme à 100 000 véhicules.
La présence en force des Chinois sur le marché algérien du véhicule ne s’explique pas par le seul poids de la politique et des liens économiques étroits entre les deux pays. C’est aussi la résultante de leur capacité à produire à coûts réduits dans un contexte de difficultés pour l’industrie automobile mondiale confrontée notamment à une crise des semi-conducteurs.
Or, l’objectif premier des autorités algériennes en procédant à la réouverture de l’importation, c’est de ramener à la baisse les prix des véhicules qui ont atteint des cimes à la suite de plusieurs années consécutives de fermeture quasi-totale.
En plus de la Chine, l’autre grand bénéficiaire de la réouverture du marché algérien aux importations de véhicules est le groupe Stellantis qui comprend les marques du groupe français PSA (Peugeot-Citröen), de l’Italien Fiat et de l’Américain Chrysler.