
Le roi du Maroc Mohammed VI a de nouveau tendu la main à l’Algérie dans son discours traditionnel de la fête du Trône, prononcé mardi 29 juillet.
Ce n’est pas la première fois qu’il lance un tel appel. Le monarque l’a fait à plusieurs reprises ces dernières années à la même occasion, sans que cela change quoi que ce soit à l’intransigeance marocaine sur le dossier du Sahara occidental et au discours hostile vis-à-vis du voisin algérien.
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Mais force est de constater que le discours prononcé par Mohammed VI cette année, sans porter de nouveau éléments tangibles, diffère dans une certaine mesure des précédents.
Certes, ses propos mielleux sur les liens “séculaires” entre les peuples algérien et marocain, “liés par la géographie, la langue, la religion et le destin commun”, ont déjà été entendus par le passé sans réel impact, et sur la question du Sahara occidental et sur la relation bilatérale.
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Maroc – Algérie : que cherche Mohammed VI ?
Ce qu’on peut en revanche qualifier de nouveauté, c’est son appel à une “solution consensuelle qui sauve la face à toutes les parties, où il n’y aura ni vainqueur ni vaincu”.
Cette “solution consensuelle”, le roi du Maroc la veut dans le cadre d’un dialogue “franc et responsable”, “fraternel et sincère” avec l’Algérie, portant sur “les différentes questions en souffrance entre les deux pays”.
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Le souverain n’a pas défini les contours de cette solution “consensuelle” ni les “questions en souffrance” sur lesquelles portera le dialogue qu’il propose à l’Algérie qui, pour rappel, a toujours refusé de prendre part au format des tables, considérant que le conflit du Sahara occidental est une question de décolonisation qui oppose le royaume du Maroc et le front Polisario.
S’agit-il d’une énième manœuvre ou d’une réelle disposition du Maroc à accepter une autre option que celle de ce plan présenté en 2007 ?
On n’en sait rien à ce stade mais il reste un élément qu’il est difficile d’occulter. Le discours royal survient en pleine tournée maghrébine du conseiller principal de Donald Trump pour l’Afrique, les affaires arabes et le Moyen-Orient, Massad Boulos. Celui-ci était successivement à Tunis, Tripoli et Alger avant d’atterrir à Rabat.
Dans une sortie médiatique en avril dernier, le conseiller du président américain avait laissé entrevoir une certaine dilution de la position de Washington sur la question du Sahara occidental et fait un plaidoyer public pour de meilleures relations entre l’Algérie et le Maroc.
Des similarités dans le discours de Mohamed VI avec les propos du conseiller de Trump
Dans un entretien à Al Arabiya, Boulos a signifié que la reconnaissance, en 2020, par Donald Trump de la “souveraineté” marocaine sur le Sahara occidental “n’est pas une déclaration absolue de façon fermée”. Cette déclaration, a-t-il dit, a “laissé la porte ouverte pour le dialogue afin de parvenir à une solution qui contente les deux parties”.
Boulos a insisté sur “une solution rapide, qui soit acceptée des deux parties” et affirmé que “les États-Unis œuvrent dans ce sens”.
À propos de la crise diplomatique algéro-marocaine, le conseiller américain a indiqué que son pays “souhaite qu’il y ait les meilleures relations de voisinage et de fraternité entre l’Algérie et le Maroc, qui, comme nous le savons, ne sont pas dans leur meilleur état actuellement”.
Pour les observateurs, la similarité entre les propos de Massad Boulos et la rhétorique du dernier discours de Mohamed VI saute aux yeux. Un coup de pression de Washington ?