Au Maroc, Mohamed VI occupe à nouveau la scène politique depuis quelques mois après une longue absence qui a suscité l’inquiétude des élites du pays.
Mohamed VI a passé une grande partie de 2022 loin du Maroc, en compagnie des frères Azaïtar, des combattants d’arts martiaux dont l’influence au sein du palais royal prenait de plus en plus d’ampleur.
Le retour au premier plan du Roi du Maroc a eu pour effet de soulager un tant soit peu de nombreux proches du palais royal, explique le Financial Times dans un article publié samedi 19 août.
Mohamed VI : un retour qui soulage
« Depuis son retour, nous l’avons presque vu quotidiennement à la télévision« , déclare Omar Brouksy, politologue marocain, qui note que Mohamed VI « exerce son autorité » de nouveau, laissant entendre que ce n’était pas le cas quand il était absent du pays.
Au Maroc, le Roi concentre tous les pouvoirs. Il contrôle aussi via sa holding les activités économiques les plus rentables du royaume. De ce fait, son absence crée systématiquement un vide politique qui se fait sentir dans le pays.
En 2022, Mohamed VI a passé de longs séjours hors du Maroc. Entre le Gabon et la France, le Roi est resté loin du pays, et donc du pouvoir, pendant assez longtemps entre 2022 et 2023 pour susciter l’inquiétude des élites dans le pays.
Le retour de Mohamed VI au Maroc intervient alors que les scénarios avançant une abdication en faveur de son fils prenaient de plus en plus d’épaisseur en raison de ses absences prolongées à l’étranger. Les spéculations sur son état de santé alimentent également les thèses sur un retrait du Roi et une prise du pouvoir de Moulay Hassan.
En plus de son absence, la présence des sulfureux frères Azaitar aux côtés de Mohamed VI a également fait couler beaucoup d’encre au Maroc. Même la presse locale s’est aventurée à dénoncer la place de plus en plus grande que prenait la fratrie à l’intérieur du Palais royal.
Leur influence dérangeait à l’intérieur même du palais royal. Les amis du Roi sont décrits, par une source proche de la cour, citée par Le Financial Times, comme se comportant comme « s’ils possédaient l’endroit« .
« Ils parlaient très grossièrement à tout le monde. Ils étaient très arrogants et essayaient même de contrôler l’accès au roi« , ajoute la même source.
Le fait que la presse marocaine s’autorise à remettre en cause l’entourage même du Roi dans un pays où les journalistes indépendants sont emprisonnés traduit une inquiétude au sein même des élites puissantes et influentes du Royaume qui, selon Haizam Amirah Fernández, analyste principal à l’Institut royal Elcano à Madrid, sont « peu satisfaites » de la situation.
L’influence des Azaitar dérange au Maroc
À titre d’exemple, le Hespress a qualifié les Azaitar de « bombe à retardement » qui allait exploser au visage des Marocains. C’est dire le degré d’inquiétude concernant la relation qu’entretient Mohamed VI avec la fratrie de combattants d’arts martiaux.
Il est également reproché aux frères Azaitar leur mode de vie ostentatoire dans un pays où le pouvoir d’achat des citoyens s’effrite de plus en plus sous l’effet de l’inflation (7,1 % en juin dernier) et de la sécheresse qui a durement impacté le secteur agricole, l’un des plus importants du pays.
Les Azaitar ont lancé plusieurs franchises commerciales au Maroc utilisant le mot Royal pour baptiser leurs enseignes comme le Royal Burger ou le Royal Donut, indique Le Financial Times.
Le média marocain Hespress a d’ailleurs vivement critiqué le fait qu’à l’entrée d’un des commerces des Azaitar, il y a un fauteuil orné en forme de trône.
Pour le Hesperess, « les images sont suffisamment claires et un exercice simple de sémiologie peut nous révéler l’histoire que ces individus veulent promouvoir« .
Le retour en scène du Roi a coïncidé avec une attitude de profil bas adoptée par la fratrie Azaitar, selon Le Financial Times. Cela reflète « probablement « une pression domestique, notamment de l’intérieur du palais« , fait remarquer un analyste européen au Financial Times.
Néanmoins, il reste difficile d’établir si les frères amis proches du Roi se sont complètement retirés de la scène, explique de son côté un analyste marocain pour le Financial Times. Si le retour de Mohamed VI au pays soulage l’élite marocaine, cette dernière scrute les fréquentations inquiétantes du roi.