
Dans une enquête publiée ce lundi 25 août par le journal français Le Monde (« L’énigme Mohammed VI », premier d’une série de dix volets), les ingrédients d’une fin de règne apparaissent clairement.
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Cette enquête, qui ne manquera probablement pas de faire jaser chez nos voisins de l’Ouest, raconte comment les absences répétées du souverain et ses apparitions contrastées nourrissent les doutes.
Le quotidien cite deux scènes récentes : la première, le 7 juin, lors de la prière de l’Aïd el-Adha à Tétouan, montrant un roi « affaibli, assis sur un tabouret, incapable de se prosterner ».
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La seconde, diffusée sur les réseaux sociaux, deux semaines plus tard, le montrant en maillot de bain, pilotant un jet-ski. Un contraste, faute de rassurer, à plutôt alimenter les doutes.
« Cette chorégraphie duale ne saurait mieux résumer le processus de transition que traverse le Maroc », note Le Monde en rappelant au passage l’état dans lequel était apparu « Sa Majesté » déjà lors de la visite d’Emmanuel Macron au Maroc en octobre 2024.
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Intrigues au palais
Le quotidien souligne également l’« impression de vide » provoquée par les absences prolongées de Mohammed VI, souvent en vacances à l’étranger, comme lors du violent séisme qui avait frappé le royaume en septembre 2023. Il y’a aussi sa proximité avec la sulfureuse fratrie Azaitar.
Une famille, établie en Allemagne, sous le charme de laquelle le Roi a succombé en 2018 et qu’il a fini par introduire dans la « Cour ».
Selon l’enquête, des membres de la fratrie, champions de MMA, auraient progressivement obtenu un accès privilégié au monarque, jusqu’à filtrer ses interlocuteurs.
Une situation qui, pour de nombreux observateurs cités par Le Monde, a inquiété l’establishment marocain, au point que certains médias, comme Hespress ou Barlamane, proches des services de renseignement, ont tiré la sonnette d’alarme en évoquant un « péril Raspoutine », du nom de ce mystique russe, guérisseur autoproclamé et moine itinérant, à la vie dissolue, qui a réussi à gagner la confiance de la famille impériale avant de finir assassiné, l’élite russe redoutant la ruine de l’empire par ses intrigues et son influence.
Face à ces inquiétudes, la monarchie marocaine a orchestré une communication « millimétrée » pour ne laisser échapper aucun signal prématuré de transition. Du moins en apparence.
Une communication visant à brouiller les pistes. C’est ainsi que des missions, pour représenter le Roi dans des événements à l’étranger, sont réparties entre les membres de la famille royale.
Une fin de règne proche
Un signe probant, pourtant, semble trahir le compte à rebours lancé pour la succession de Mohammed VI. Et la fin de règne du monarque de 62 ans semble bel et bien proche.
Depuis plusieurs mois, en effet, relève le journal, le fils aîné, Moulay El Hassan, 22 ans, multiplie les apparitions publiques symboliques. Fin 2024, représentant son père, il a reçu le président chinois, Xi Jinping, en transit via le Maroc.
Il a également été nommé colonel-major, un rituel dans les traditions de la maison. Deux faits majeurs annonçant une ascension. « Il y a une mise en scène millimétrée, afin de ne pas envoyer de signaux susceptibles d’être interprétés comme un passage de témoin », confie au journal un diplomate occidental en poste à Rabat. Reste que derrière ces mises en scène savamment orchestrées par le Makhzen, un climat de rivalités et de méfiance règne au sein de l’establishment marocain.
L’absence fréquente du roi, son état de santé fragile, les intrigues autour de ses fréquentations et la situation économique intenable pour de nombreux Marocains, aggravée par la corruption endémique révélée par des « hackers », ont convaincu de nombreux observateurs que la bataille de succession est bel et bien engagée. « La transition n’a pas commencé, même si elle est dans toutes les têtes », conclut Le Monde.