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Maroc : RSF appelle à la libération de 3 journalistes en prison

Maroc : RSF appelle à la libération de 3 journalistes en prison

La liberté de la presse au Maroc ne vit pas ses meilleurs jours. Plusieurs journalistes indépendants et critiques du régime sont incarcérés pour de fallacieuses accusations relevant du droit commun, notamment de prétendues agressions sexuelles. Reporter sans frontières (RSF) lance un énième appel pour leur libération.

Taoufik Bouachrine, Soulaiman Raissouni et Omar Radi purgent de lourdes peines dans les geôles du royaume dans des conditions que leurs familles, leurs avocats et des ONG dénoncent régulièrement comme étant inhumaines.

RSF s’intéresse particulièrement à leur cas. À l’approche de la fête du trône, qui célèbre l’accession de Mohamed VI au trône le 30 juillet 1999, l’ONG a écrit au souverain marocain lui demandant d’accorder une grâce à ces trois journalistes.

« Ces incarcérations abîment l’image du pays », écrit le secrétaire général de l’organisation, Christophe Deloire, sur Twitter. L’appel a été repris sur le même réseau social par le journaliste algérien Khaled Drareni, représentant de RSF pour l’Afrique du Nord.

Taoufik Bouachrine, 54 ans, fondateur et rédacteur en chef du quotidien Akhbar Al Yaoum, a été arrêté en 2018 et condamné en 2019 à 15 ans de prison pour « viol », « agressions sexuelles » et « traite des êtres humains ».

Malade, les autorités pénitentiaires lui proposent un traitement humiliant pour lui permettre de se soigner dans un hôpital civil : elles exigent qu’il s’y rende menotté et vêtu de la tenue des prisonniers, ce qu’il refuse, selon sa famille et sa défense.

« L’emprisonnement de journalistes abîme l’image du Maroc » (RSF)

Son successeur à la tête de la rédaction de Akhbar Al Yaoum, Soulaiman Raissouni, 51 ans, purge, lui, une peine de cinq ans de prison ferme pour « viol avec violence et séquestration ».

Omar Radi était journaliste au Desk.ma et a travaillé pour plusieurs journaux étrangers. Il est âgé de 37 ans. En 2021, il a été condamné à six ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’État », « viol » et « attentat à la pudeur ». Pour les trois journalistes, les condamnations sont définitives.

« Les voies de recours judiciaires sont épuisées », déplore Christophe Deloire dans son appel au roi Mohamed VI, soulignant que ces détentions « abîment » l’image du royaume.

Dans une résolution adoptée en janvier dernier, le Parlement européen avait sévèrement critiqué la situation de la liberté de la presse au Maroc et dénoncé le recours abusif aux accusations de crimes sexuels pour faire taire les voix discordantes parmi les journalistes marocains, dénonçant « l’utilisation à mauvais escient d’allégations d’agression sexuelle pour dissuader les journalistes de faire leur travail ». Le Parlement européen avait appelé à remettre en liberté les journalistes Omar Radi, Taoufik Bouachrine et Soulaiman Raissouni.

Dans le classement mondial des pays en termes de liberté de la presse établi par RSF, le Maroc est classé 144e en 2023, reculant de 9 places.

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