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Mémoire : une statue de l’Emir Abddelkader à Paris ?

Mémoire : une statue de l’Emir Abddelkader à Paris ?

L’Emir Abdelkader pourrait avoir sa statue au cœur de Paris, au sein même d’une rue qui porte le nom d’un personnage qui symbolise la sauvagerie de la conquête coloniale : l’avenue Bugeaud.

L’information n’est pas annoncée officiellement mais les autorités françaises y songeraient, à en croire le journal l’Opinion. « L’Élysée évoque la possibilité d’installer une statue d’Abdel Kader dans l’avenue Bugeaud à Paris, plutôt que de la débaptiser. Ainsi qu’une statue de Zola face à celle Déroulède, Paris 8e », rapporte dans un tweet le quotidien français ce lundi 15 juin.

Cette proposition intervient dans un contexte marqué par des débats sur le racisme en Europe et aux États-Unis. Il y a quelques jours, un journaliste français, Jean-Michel Aphatie, a réitéré la demande de débaptiser la rue. « En Belgique, on réagit enfin aux crimes de la colonisation. En France, à Paris, on continue d’honorer le sinistre #Bugeaud « enfumeur » de populations innocentes en #Algerie. Ni @datirachida ni @Anne_Hidalgo ni @agnesbuzyn n’y trouvent à redire. Désolant, non ? », écrivait-il sur le même réseau social. Il faisait référence à la décision des autorités de la ville belge d’Anvers de retirer la stature du roi Léopold II, conquérant du Congo.

Débaptiser l’avenue Bugeaud

La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a de son côté souhaité poser la question de débaptiser l’avenue Bugeaud à Paris, qui porte le nom du général français responsable de massacres d’Algériens au XIXe.

« Il ne s’agit pas de débaptiser l’avenue Bugeaud mais pourquoi pas un monument adressé à l’émir Abdelkader – qu’a combattu Bugeaud – qui était détenu au château d’Amboise. Pourquoi pas une statue d’Émile Zola en face de celle de Paul Déroulède (fondateur en 1882 de la Ligue des Patriotes, mouvement antidreyfusard, alors que Zola était un défenseur acharné du capitaine juif de l’armée française). Il faut s’emparer de la mémoire de ces personnages, il ne s’agit pas d’effacer ce qu’ils ont été mais de recontextualiser », explique pour sa part un conseiller du président français, cité, ce lundi, par Ouest-France.

« La République n’effacera aucune trace ni aucun nom de son Histoire. La République ne déboulonnera pas de statue. Nous devons plutôt lucidement regarder ensemble toute notre Histoire, toutes nos mémoires », a tranché Emmanuel Macron dimanche.

L’homme de Macron à l’émir Abdelkader

Lors de son voyage à Alger, en décembre 2017, le président français avait rendu hommage à l’Emir Abdelkader qui a dirigé la résistance au colonialisme français entre 1832 et 1847 et considéré comme le fondateur de l’Etat algérien moderne.

« Nous sommes ici sur une place symbolique, dans cette librairie, celle d’un héros du peuple algérien qui s’est battu contre la France, Abdelkader. La force de ce héros algérien, c’est qu’il a su ne pas s’enfermer dans le passé, c’est qu’il a su ne pas s’enfermer dans les pages les plus sombres. Il est devenu ami de la France. Soufi, il a protégé les chrétiens. Il a voulu construire un vrai nationalisme algérien en regardant l’avenir et en n’étant pas l’otage de son propre passé », avait dit Emmanuel Macron dans un entretien à TSA réalisé à la librairie du Tiers-monde, à la place Emir Abdelkader, où une imposante statue est érigée à la mémoire du résistant algérien.

En septembre 2018, il a reconnu pour la première fois la responsabilité de l’État français dans la mort du résistant algérien Maurice Audin. Macron a remis à la veuve du disparu, Josette Audin, une déclaration reconnaissant que son époux est «mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France ». Un assassinat pour lequel Emmanuel Macron a demandé « pardon » à Josette Audin, aujourd’hui décédée.

En février 2017, alors qu’il était candidat à l’élection présidentielle, il avait qualifié à Alger la colonisation de « crime contre l’humanité. « La colonisation fait partie de l’histoire française et c’est un crime contre l’humanité », avait-il déclaré dans une interview à Echorouk.

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