search-form-close
Migrants : Ouyahia et Messahel ont pollué le débat

Migrants : Ouyahia et Messahel ont pollué le débat

NEWPRESS
Ahmed Ouyahia

Ahmed Ouyahia a tenu, samedi 8 juillet, des propos inquiétants sur les migrants africains qui s’installent illégalement en Algérie. Le Secrétaire général du RND et directeur de cabinet du président Bouteflika a estimé que l’immigration africaine est « source de crime, de drogue et de plusieurs autres fléaux ». Ces déclarations, qui ont provoqué une vague d’indignation et beaucoup de critiques en Algérie et à l’étranger, ont été appuyés hier par Abdelkader Messahel.

 

LIRE AUSSI : Ahmed Ouyahia : le dérapage de trop ?

Le ministre des Affaires étrangères est allé encore plus loin. Il a qualifié l’immigration africaine de « menace pour la sécurité nationale ». Il a même suggéré la possibilité de voir des terroristes s’infiltrer au sein des groupes de migrants. Selon lui, il y a « 5 000 Africains » dans les rangs des groupes terroristes dans le monde, ce qui est « un chiffre énorme ».

Si les propos et les raccourcis utilisés par les deux responsables algériens sont choquants, le sujet est sérieusement préoccupant. Certes, l’Algérie est loin d’être confrontée à une situation chaotique, comme le laissent entendre Ouyahia et Messahel. À titre d’exemple, le Liban a accueilli plus d’un million de réfugiés syriens sans avoir été déstabilisé. La Turquie en a accueilli près de trois millions sans compter ceux (plusieurs millions) qui ont transité par ce pays pour atteindre l’Europe.

Mais si la situation n’a rien d’exceptionnel aujourd’hui pour l’Algérie, rien ne dit que notre pays n’aura pas à gérer dans l’avenir une crise migratoire de grande ampleur. Tous les experts le prévoient : la pauvreté, les changements climatiques et les conflits vont pousser de plus en plus d’Africains à chercher à se réfugier dans des pays jugés plus sûrs.

La première destination est souvent l’Europe. Mais depuis quelques années, des pays comme l’Algérie et le Maroc jouent le rôle de « gendarme », empêchant ces migrants de traverser la Méditerranée. Comme ils ne peuvent pas retourner chez eux, ces derniers s’installent chez nous. De pays de transit, l’Algérie est en train de devenir une destination d’installation pour ces milliers de migrants. C’est en partie ce qui explique leur nombre de plus en plus élevé.

Face à cette situation, l’Algérie doit se préparer de manière sérieuse. Elle doit le faire, non pas en stigmatisant les migrants, mais en se concertant avec les pays africains concernés et en coordonnant ses efforts avec l’Europe.

L’Algérie, qui ambitionne de jouer les premiers rôles en Afrique, ne doit pas se limiter aux seuls aspects sécuritaires et répressifs. La gestion des migrants ne doit pas être du seul ressort de l’armée et des forces de sécurité même si les aspects sécuritaires doivent aussi être gérés avec beaucoup de rigueur.

Mais avec les prises de position et les propos d’Ouyahia et de Messahel, les initiatives futures de l’Algérie risquent d’être accueillies avec méfiance par nos partenaires africains.

Sur le même sujet :

  • Les derniers articles

close