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Migrants subsahariens en Algérie : ce que dit le rapport du département d’État américain

Migrants subsahariens en Algérie : ce que dit le rapport du département d’État américain

L’Algérie est un pays de destination et de transit pour les migrations et les trafics d’humains, selon le rapport du département d’État américain sur la traite de personnes dans le monde pour la période 2017-2018, publié ce vendredi 29 juin.

« Tel que rapporté lors des cinq dernières années, l’Algérie est un pays de transit et de destination pour les migrants – hommes, femmes et enfants- et, à un moindre degré, un pays d’origine pour les enfants victimes de trafics sexuels et les hommes soumis au travail forcé », a indiqué le rapport selon lequel Tamanrasset est le point d’entrée principal de la migration clandestine et du trafic d’humains en Algérie.

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Les migrants clandestins subsahariens, issus notamment du Mali, du Niger, du Burkina Faso, du Cameroun, de la Guinée, du Liberia et du Nigeria sont les victimes les plus fréquentes du trafic de main d’œuvre et du trafic sexuel, selon le rapport qui impute cette situation au statut de sans-papiers de ces migrants, à leur pauvreté ainsi qu’aux barrières linguistiques.

L’intention première de la plupart des migrants qui arrivent en Algérie est de rejoindre l’Europe en traversant la Méditerranée d’après le rapport selon lequel, nombre d’entre eux, « empêchés dans leurs tentatives initiales d’atteindre l’Europe, restent en Algérie jusqu’à ce qu’ils puissent continuer leur voyage ». L’Algérie est alors un pays de destination par défaut ou forcé pour nombre de migrants clandestins subsahariens.

Ces migrants qui se retrouvent ainsi coincés en Algérie et malgré les « opportunités limitées » auxquelles ils sont confrontés,  « travaillent illégalement dans le bâtiment alors que certains d’entre eux se livrent à la prostitution afin de pouvoir payer leur voyage vers l’Europe, s’exposant à un risque accru d’exploitation ».

Les dettes que peuvent contracter les migrants auprès de leurs « passeurs », qui sont souvent leurs compatriotes, selon le rapport, aggravent cette situation. Les migrants endettés se voient obligés de travailler ou de se prostituer pour payer leurs dettes et leur séjour en Algérie, au sud ou au nord du pays s’en trouve prolongé.

Les subsahariens ne sont pas les seuls à subir le travail forcé en Algérie. Le rapport a rappelé les rapports d’ONG internationales qui ont dénoncé le cas de migrants vietnamiens obligés à travailler sur des chantiers d’entreprises chinoises en Algérie

Les migrantes livrées au travail forcé, à la mendicité et à la prostitution

Ces dettes envers les passeurs lorsqu’elles ont été contractées par des femmes placent celles-ci dans une « servitude par la dette », indique le rapport. Les femmes migrantes dans cette situation « travaillent pour rembourser les dettes des contrebandiers par la servitude domestique, la mendicité forcée et la prostitution forcée », selon le rapport.

Des Algériens du sud du pays, habitant notamment à Tamanrasset et sa périphérie sont complices du trafic de personnes et de l’exploitation forcée des migrants.

« Les contrebandiers touaregs et maures et les trafiquants du nord du Mali et du sud de l’Algérie forcent les hommes à travailler comme maçons ou mécaniciens, les femmes à laver la vaisselle, les vêtements et les voitures et les enfants à puiser l’eau des puits dans le sud de l’Algérie », révèle le rapport qui indique que « des victimes ont également rapporté avoir subi des abus physiques et sexuels de la part de contrebandiers et de trafiquants ».

Des femmes ayant contracté des dettes pour leur voyage vers l’Europe  et qui se sont retrouvées coincées dans le sud de l’Algérie « entrent volontairement dans des relations avec les migrants hommes qui leur fournissent un abri, de la nourriture, un revenu et la sécurité en échange de services sexuels, la cuisine et le nettoyage », révèle le rapport.

Même si ces relations sont, dans la plupart des cas consenties par les femmes, « ces femmes encourent un risque élevé de trafic » précise le rapport qui se base sur des témoignages de migrants à Tamanrasset qui ont « signalé des cas de femmes empêchées de quitter leurs maisons ou qui sont violées par leurs partenaires ».

Lorsque les femmes migrantes en difficulté ne sont pas exploitées « dans des bars et des maisons closes clandestines à Tamanrasset et Alger », elles se retrouvent souvent forcées à la mendicité, d’après le rapport.

« Des migrantes nigériennes qui mendient en Algérie et qui portent souvent des enfants –parfois loués auprès de leurs mères au Niger- peuvent être des victimes de travail forcé », indique le rapport qui explique que « les enfants nigériens, âgés de 4 à 8 ans, sont ramenés en Algérie par des réseaux de trafiquants, avec le consentement de leurs parents, et sont forcés à mendier durant plusieurs mois en Algérie avant d’être rendus à leurs familles au Niger ».

Des migrantes subsahariennes sont employées par des familles algériennes en tant que domestiques, selon le rapport qui cite des médias et organisation de la société civile qui ont fait état en 2015 d’« abus physiques, de confiscation de passeports et des retenues de salaires » subis par ces migrantes.

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