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Moad Bouchareb : un départ symbolique, en attendant celui des vrais « B » ?

Moad Bouchareb : un départ symbolique, en attendant celui des vrais « B » ?

Moad Bouchareb, le désormais ex-président de l’APN, n’aura pas résisté longtemps à la fronde des députés qui réclament son départ depuis celui de Bouteflika, début avril.

Ce mardi 2 juillet, il a annoncé sa démission, huit mois après son intronisation à la tête de la chambre basse du Parlement suite au coup de force du cadenas passé à la postérité.

Le 16 octobre dernier, Saïd Bouhadja était empêché par les députés du FLN, son parti, du RND, du MPA et de TAJ, de rejoindre son bureau en bloquant l’entrée principale du palais de la rue Zighoud Youcef à l’aide de grosses chaînes de fer.

Bouhadja, élu pour la durée de toute la mandature, ne pouvait être destitué en aucun cas. Il avait la loi et la Constitution de son côté et avait refusé de démissionner sous l’injonction des partis proches du pouvoir qu’il a fini par pousser à la grave erreur de cadenasser le siège du Parlement pour ensuite constater la vacance du poste et élire Moad Bouchareb, jeune député du parti majoritaire.

Le 26 novembre celui-ci sera récompensé de sa loyauté au président d’un autre poste important, celui de coordinateur de l’instance créée pour la gestion du FLN suite à la démission de Dlamel Ould Abbès, fin novembre.

En rendant les clés de l’APN, Moad Bouchareb a évité à ses adversaires la gêne d’avoir à assumer un deuxième coup de force en l’espace de quelques mois. Car, faut-il le rappeler, ceux qui ont exigé son départ sont les mêmes qui l’ont imposé de force il y a huit mois. Les formes sont presque sauves. Abderrazak Kerbache, vice-président de la chambre, est chargé de gérer les affaires courantes jusqu’à l’élection d’un nouveau président.

Si la tête de Bouhadja était réclamée dans la perspective de faire passer le projet du cinquième mandat, Bouchareb, lui, est poussé vers la sortie pour d’autres considérations. L’homme qui avait montré un zèle sans pareil dans son soutien à Bouteflika, avait aggravé son impopularité en s’attaquant aux premiers manifestants qui sont sortis contre le cinquième mandat le 22 février. « Vous pouvez rêver », avait-il lancé à partir d’Oran.

Le 30 avril, il est débarqué de la tête du FLN en faveur de Mohamed Djemai. Il est tout de suite après sommé de quitter aussi le perchoir de l’APN. Le 22 mai, des députés ont même envahi son bureau.

Le départ de Bouchareb est logiquement réclamé par la rue depuis la démission de Bouteflika le 2 avril au même titre que celui des autres « B », Abdelkader Bensalah, Noureddine Bedoui et Tayeb Belaïz, respectivement chef de l’État par intérim, Premier ministre et président du Conseil constitutionnel.

Pour le mouvement populaire, il n’était pas question de confier la gestion du processus électoral à venir à des hommes légués par Bouteflika. Belaïz a jeté l’éponge dès le 16 avril, mais la rue a continué à réclamer la démission du reste des « B », notamment le chef de l’État et le Premier ministre.

Le départ de Bouchareb, survenant avant la grande mobilisation annoncée pour le vendredi 5 juillet, et à quelques jours d’une conférence de l’opposition qui devrait trancher la question du dialogue avec le pouvoir, pourrait s’assimiler à une petite concession faite aux manifestants et à la classe politique.

Petite, car c’est le maintien des vrais « B », Bensalah et de Bedoui, dont les fonctions font d’eux les véritables timoniers du processus électoral, qui pose problème.

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