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Mokdad Sifi charge lourdement Bouteflika et Ouyahia

Mokdad Sifi charge lourdement Bouteflika et Ouyahia

Pour Mokdad Sifi, chef du gouvernement entre 1994 et 1995, Bouteflika a fait perdre à l’Algérie 35% de sa période d’indépendance.

« Le bilan de Bouteflika ? Pour moi c’est une catastrophe. L’Algérie a perdu vingt ans, soit 35% de la période d’indépendance, et encore cela devrait représenter plus en termes de valeur parce que dans les premières années de l’indépendance, on n’avait pas de moyens pour avancer correctement », assène M. Sifi, invité de TSA-direct ce dimanche 24 mars.

Pour l’ancien chef du gouvernement, le soulèvement actuel était prévisible, au vu de la politique menée, marquée, selon lui, par une absence de régulation, des monopoles, du gaspillage et une part importante pour l’économie informelle.

Il cite l’exemple de l’autoroute Est-ouest pour laquelle on est passé de 7 à 14 milliards de dollars pour réaliser uniquement la chaussée. « J’ai mis en garde en 1999 déjà qu’on se dirigeait vers la catastrophe si on continuait à travailler suivant le même modèle », rappelle-t-il.

En 1999, Mokdad Sifi était candidat à la présidentielle contre Abdelaziz Bouteflika justement, et il s’était retiré à la dernière minute avec cinq autres candidats. Il revient sur cet épisode. « Nos représentants n’ont pas pu assister aux premiers votes, ceux des bureaux itinérants et des corps constitués. Le président Zeroual s’est engagé à assurer la régularité de l’élection, on a donc demandé à le voir. Malheureusement, le lendemain matin, l’APS rapportait que le président ne reçoit personne. On a donc décidé de se retirer », raconte Sifi. « Bouteflika était resté et avait même exigé un score plus élevé que celui de Zeroual. Son score a été gonflé », dit-il.

Avant de se présenter à la présidentielle, M. Sifi avait un parcours gouvernemental. Ministre de l’équipement dans les gouvernements de Belaïd Abdeslam et de Réda malek, il est nommé chef du gouvernement en 1994. En revenant sur cette période, il charge son successeur, un certain Ahmed Ouyahia.

« J’ai accepté la mission sur insistance du président Liamine Zeroual. On a préparé des réformes, malheureusement à mon départ, Ahmed Ouyahia a tout mis de côté. Ce n’étaient pas mes réformes mes celles du pays. On a bloqué la loi sur la concurrence, le conseil national de la concurrence, ce qui a donné naissance à un système parallèle. Il y a aussi le conseil national de l’énergie dont on parle mais qui n’a jamais travaillé. J’ai mis en place deux programmes de développement pour le Sud sur le moyen et le long terme, mais par la suite on a créé le Fonds du Sud pour casser le reste », regrette-t-il. Et le rôle du président dans tout ça ? « À mon avis M. Zeroual a été trompé par ses deux plus proches collaborateurs qui sont Ouyahia et Betchine », accuse l’ancien chef de l’exécutif.

Mokdad Sifi revient aussi sur les privatisations effectuées par Ouyahia et fait de graves révélations. « Il était question de privatiser des entreprises de transformation et jamais de production. El Hadjar a été privatisé illégalement. Quand on privatise, on annonce à qui on a vendu, mais on n’a jamais eu ça. Il y a avait une commission nationale de contrôle, présidée par un magistrat, mais elle n’a jamais traité ce qui a été privatisé. Vous ne trouverez aucun bilan. Des privatisations ont été faites à crédit et je me demande si les gens ont réellement payé », soupçonne-t-il.

Sifi reproche aussi à son successeur d’avoir décidé lui-même de dissoudre des entreprises. « La dissolution des entreprises qu’on impute au FMI, c’est faux. Dans l’accord avec le FMI, il n’a jamais été question de dissolution. Alors d’où elle vient ? À moins qu’il y ait des accords entre lui (Ouyahia, ndlr) et le FMI. Des entreprises de bâtiment qui avaient été assainies, on leur a imposé des prix inférieurs à ceux des entreprises chinoises. En 2002, j’avais dit qu’il y a des responsables qui jouent au FMI plus que le FMI lui-même, bien sûr je pensais à mon successeur. L’emprisonnement des cadres était une injustice terrible. C’est de la folie. Il fait ce qu’il veut ce monsieur. Un avocat avait dit que ces emprisonnements étaient destinés à préparer les privatisations », accuse-t-il.

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