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Mort de 2 Marocains à la frontière avec l’Algérie : zones d’ombres et contradictions

Mort de 2 Marocains à la frontière avec l’Algérie : zones d’ombres et contradictions

Les médias et les réseaux sociaux marocains commentent abondamment depuis jeudi l’affaire de la mort de deux personnes à la frontière maritime avec l’Algérie.

Plusieurs zones d’ombre persistent toutefois et jettent le doute sur la version que l’on veut accréditer du côté du royaume.

Ni l’Algérie ni le Maroc n’ont réagi officiellement. Le parquet marocain a annoncé vendredi l’ouverture d’une enquête sur les circonstances du décès d’un Franco-marocain et d’un Marocain après la découverte du cadavre du deuxième gisant sur la plage de Saidia.

Les accusations portées contre les garde-côtes algériens reposent sur le seul témoignage du frère de l’une des victimes, qui affirme avoir lui-même échappé aux tirs des militaires algériens.

Selon le témoignage de Mohamed Kessi, un franco-marocain, l’affaire remonte au mardi 29 août lorsque quatre jeunes partis de la station balnéaire de Saidia (Maroc) se sont « égarés la nuit » en jet-ski et se sont retrouvés dans les eaux territoriales algériennes.

Les garde-côtes algériens leur auraient tiré dessus, tuant deux personnes, un marocain et un franco-marocain. Une autre personne aurait été arrêtée et serait détenue en Algérie.

Sollicité par des médias français, le gouvernement marocain n’a pas souhaité commenter cette affaire. La diplomatie française s’est contentée pour sa part de confirmer la mort d’un ressortissant français.

Pour une affaire d’une telle gravité, dans un contexte de vives tensions entre les deux pays, le silence du gouvernement marocain est pour le moins curieux.

En novembre 2021, lorsque l’aviation marocaine a assassiné trois commerçants algériens à la frontière avec le Sahara occidental, l’Algérie avait réagi au plus haut niveau de l’Etat et saisi toutes les instances internationales.

Le silence de Rabat est le premier signe qu’il y a beaucoup de non-dits dans cette affaire. Les autorités marocaines ne souhaitent peut-être pas assumer des accusations farfelues, laissant le soin aux médias et aux réseaux sociaux de le faire, comme il est de coutume depuis quelques années.

Des zones d’ombre qui jettent la suspicion sur la version marocaine

Car dans la version qui tourne en boucle depuis quelques jours sur les réseaux sociaux, il y a beaucoup d’incohérences et de zones d’ombre qui suscitent moult interrogations.

D’abord, les quatre jeunes sont-ils réellement des vacanciers ? Si tel est le cas, qu’étaient-ils venus faire en pleine nuit à la frontière entre deux pays aux relations extrêmement tendues et qui n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis août 2021 ?

À supposer qu’ils soient réellement des estivants, il est difficile de croire qu’aucun des quatre jet-skis ne soit muni de GPS comme le soutient le rescapé. Ce dernier a bien pu retrouver la direction du Maroc, en pleine nuit après l’incident.

Ce qui jette la suspicion sur la qualité des quatre « vacanciers » et leurs réelles intentions. Qui étaient-ils et qu’étaient-ils venus faire en pleine nuit à la frontière maritime entre l’Algérie et le Maroc.

Vu le contexte politique actuel, la prolifération du trafic de drogue et des traversées clandestines dans la zone, les garde-côtes algériens se devaient de ne pas baisser la garde, d’autant plus que les jet-skis sont de plus en plus utilisés dans les trafics en tout genre et même dans les attaques militaires et terroristes.

Quant à l’accusation d’avoir tiré sans sommation et avec l’intention de tuer, proférée à l’égard de l’armée algérienne, c’est le même rescapé qui l’a démenti par la suite de son récit : une personne a été interpellée, ce qui suppose que celle-ci a obtempéré et que les autres auraient refusé de le faire.

Le silence de Rabat et toutes ces incohérences criantes laissent penser que la vérité n’a pas été dite sur cette affaire et que l’on est devant une énième opération destinée à alimenter la stratégie de la tension permanente avec l’Algérie.

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