Société

« Mouf », un baron français de la drogue en fuite en Algérie

Le journal français l’Obs a consacré ce dimanche un long article dressant le profil de Moufide Bouchibi, un baron de la drogue à la tête d’un réseau tentaculaire qui serait devenu, à moins de 40 ans, le principal exportateur de résine de cannabis vers la France avec des volumes oscillant entre 40 et 50 tonnes annuellement.

M. Bouchibi a été condamné par la justice française en 2015 à vingt ans de prison par contumace. Il n’aurait plus mis les pieds en France depuis plus de dix ans, indique la même source.

Il se trouverait actuellement en Algérie d’où sa famille est originaire. Il est décrit comme l’une des principales figures du néobanditisme français grâce à ses contacts directs avec les producteurs marocains de cannabis et à sa mise en place d’une logistique d’envergure internationale avec des planques sur la Costa del Sol en Espagne ou encore des entrepôts en France.

Investissements immobiliers en Algérie dont un hôtel à Sétif

L’activité criminelle de Moufide Bouchibi génèrerait environ 70 millions d’euros par an. Cette manne conséquente lui aurait permis d’investir dans l’immobilier dans plusieurs pays dont l’Algérie.

Il possèderait ainsi une villa sur la côte et aurait même fait construire un hôtel à plus de 10 millions d’euros dans la wilaya de Sétif, affirme l’Obs (article payant), qui précise qu’une partie de son argent serait également cachée à Dubaï, aux Émirats arabes unis.

M. Bouchibi a débuté sa sordide carrière alors qu’il sort à peine de l’adolescence. Il apprend le métier sous l’égide de Sophiane Hambli, le plus important baron de la drogue dans la région de l’Alsace.

« Au début des années 2000, Moufide Bouchibi intègre le réseau de Sophiane Hambli et se lance alors dans le trafic international de résine de cannabis entre l’Espagne et la France, organisant des go-fast destinés à approvisionner l’Alsace plus particulièrement », explique la même source.

Du cannabis en provenance du Maroc

Moufide Bouchibi grimpe les rangs rapidement et devient vite un trafiquant d’envergure. Il est condamné à huit ans de prison en 2004. Il est libéré en 2008, année durant laquelle il retourne à Costa del Sol, en Espagne, d’où arrivent en Europe des tonnes et des tonnes de cannabis en provenance du Maroc.

Le Maroc, pays où il finira également par s’installer pendant plusieurs années. Il aurait notamment fait l’acquisition de biens immobiliers à Agadir, Casablanca, Tanger ou encore Marrakech. Sur le point d’être arrêté, M. Bouchibi est alerté par une taupe et parvient à quitter précipitamment le Maroc vers l’Algérie.

« Je pense qu’il avait un contact au sein de la police judiciaire et qu’il était tenu régulièrement au courant des investigations le concernant. En échange, Bouchibi acceptait de sacrifier de temps en temps une de ses petites équipes en donnant des informations sur ses propres convois », explique notamment un ancien enquêteur cité par l’Obs.

Moufide Bouchibi est toujours libre et dans l’ombre. Selon les dernières informations, ce baron de la drogue aurait développé ces dernières années l’importation de cannabis par le biais de cargos sous pavillon de complaisance ou de bateaux de pêche, nouant également des liens avec des narcotrafiquants sud-américains pour se diversifier dans la cocaïne.

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