Quelle est la situation du secteur des BTPH dans le contexte de la crise sanitaire liée au coronavirus Covid-19 ?
Mouloud Kheloufi, président de l’Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA) : Il est clair que la crise sanitaire va impacter le secteur. Beaucoup de fabricants des matériaux de construction vont réduire leur production et la commercialisation de leurs produits. Et personne ne sait quand cette épidémie va s’arrêter, ce qui doit nous inciter à être solidaires.
Mais comment qualifierez-vous la situation du secteur du BTPH ?
Le secteur du BTPH est à l’arrêt. Mais pas seulement en Algérie : en France, en Italie, en Espagne, en Pologne, en Belgique. Tout le monde est à l’arrêt, personne ne travail. Le BTPH est à l’arrêt dans le monde entier. Nous avons des confrères à l’international et nous savons de quoi, il en retourne. Maintenant l’urgence est de mettre fin à la pandémie. Et nous devons réfléchir, dès maintenant à prendre en charge cette situation à la fin de l’épidémie.
Le secteur du BTPH, un moteur majeur de l’économie était déjà en crise en 2019…
Le secteur du BTPH est aussi le moteur de l’économie dans les autres pays et en est la colonne vertébrale. En Algérie, notre secteur était à l’arrêt depuis 2019 à hauteur de 70% des entreprises. Et maintenant c’est 100% des entreprises qui sont à l’arrêt. L’épidémie est telle que les entreprises ont préféré sauvegarder leurs ouvriers.
Quelles sont vos propositions pour atténuer les impacts de la crise sur les entreprises et les salariés ?
Le président de la République a dit qu’il va prendre en charge tous les problèmes des entreprises. Mais maintenant, nous en tant qu’organisation et partenaire du gouvernement, nous avons demandé une amnistie fiscale pour 2019-2020. Cette amnistie fiscale permettra aux entreprises privées d’avoir une trésorerie pour payer régulièrement les travailleurs durant cette pandémie. Nous avons trouvé que c’est la seule solution, juridiquement parlant, que le gouvernement peut prendre. Car nous savons qu’il n’y a pas de mécanismes de subventions de l’État en direction des entreprises privées alors qu’elle peut subventionner ou aider les entreprises publiques.
Est ce qu’il y a des mesures en direction des travailleurs confinés ?
Les travailleurs du secteur privé, sont pris en charge par leurs entreprises. Il faut qu’on soit solidaires entre nous puisqu’il s’agit d’une pandémie. C’est pour cela que nous avons demandé une amnistie pour que les entreprises ne payent pas les charges fiscales et parafiscales et avoir la possibilité de payer les travailleurs pendant le premier, le deuxième et peut être même le troisième mois. Car personne ne sait quand la pandémie prendra fin.
Le gouvernement a décidé de geler des projets en raison de la baisse des prix du pétrole. Qu’en pensez-vous ?
Rien n’est urgent en l’état actuel des choses : ni l’économie, ni la baisse du prix du pétrole, ni quoi que ce soit d’autre. Il faut être disciplinés car nous sommes un pays émergent, nous ne sommes pas organisés pour faire face à cette épidémie. La sauvegarde des vies humaines, permettre à nos salariés de percevoir leurs salaires et leur assurer un approvisionnement en produits alimentaires et le respect du confinement, constituent les seules priorités actuellement. Et après l’épidémie, nous ferons un état des lieux du secteur, nous étudierons également la possibilité de faire des propositions dans le cadre de la loi des finances complémentaire.