Politique

Mouvement populaire : la grève commence à produire ses effets négatifs

La grève générale en soutien au mouvement populaire contre le 5e mandat, qui a été déclenchée hier dimanche, commence à produire ses premiers effets négatifs. Ce lundi, et comme hier, les élèves ont été libérés par les écoles, et se sont retrouvés à manifester dans la rue, ce qui les exposent à tous les dangers.

La preuve, ce lundi matin à Rouiba (est d’Alger), une dizaine de collégiens sont tombés de camions et de bus, alors qu’ils manifestaient à la sortie de leurs établissements scolaires. Ils ont été transférés aux urgences de l’hôpital de Rouiba et certains d’entre eux présentent de graves blessures. La responsabilité des établissements scolaires qui libèrent les enfants de cette façon est pleinement engagée.

Outre les risques d’accidents qui guettent les élèves, qui doivent être tenus à l’écart des manifestations, les citoyens sont fortement pénalisés par la grève notamment des transporteurs, la fermeture des magasins d’alimentation générale et les stations-service et la paralysie des entreprises de production. Ces actions réduisent la mobilité des citoyens et font planer des risques réels de pénuries de produits alimentaires.

Ce lundi, 15 entreprises basées à la Zone d’activité Zak d’Akbou (ouest de Bejaia), dont des géants nationaux de l’agroalimentaire, ont tiré la sonnette d’alarme et demandé à leurs travailleurs de reprendre leurs postes dès demain mardi à partir de 5h00 du matin.

Tout en exprimant leur soutien au mouvement populaire, ces opérateurs affirment prendre « acte des inquiétudes exprimées quant à une dangereuse perturbation du marché avec l’apparition de vives tensions sur divers produits ».

Ils appellent « l’ensemble des travailleurs de la Zac Taharacht à rejoindre leur postes de travail mardi 12 mars à 05h00 du matin ».

Parmi les signataires du communiqué figurent la laiterie Soummam, Huilerie Ouzellaguen, Général Emballage. De grandes entreprises d’agroalimentaires basées dans la wilaya de Bejaia s’apprêtent à rejoindre l’initiative des opérateurs de la Zak Taharacht ; pour mettre en garde contre les risques de pénurie, et appeler leurs salariés à reprendre le travail.

En plus des risques de pénurie, le recours à la grève générale risque aussi de fragiliser le mouvement de contestation, et de gripper la dynamique citoyenne en faveur du changement. Des figures connues de l’opposition ont exprimé leurs réserves et mis en garde contre les conséquences négatives de la grève générale ou encore de la désobéissance civile.

« Le recours à la désobéissance civile ou à la grève générale “est prématuré” et “ne sert pas les intérêts des Algériens”, a déclaré hier dimanche Me. Mustapha Bouchachi, au HuffPost Algérie.

Sur sa page Facebook, Djamel Zenati, a écrit que « dans la hiérarchie des formes de lutte politique, la grève générale occupe indiscutablement le sommet. Elle est le prélude à la désobéissance civile. » Pour lui, « la grève générale est une action très forte aux conséquences parfois imprévisibles. Elle peut provoquer un retournement d’opinion et servir d’alibi aux aventuriers de tous bords. Il est donc est nécessaire de faire preuve de clairvoyance et d’une extrême vigilance dans la gestion de la grève des cinq jours qui est aujourd’hui à son premier jour dans tout le pays. »

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