Économie

Neige en Algérie : ce que révèle la ruée sur la station de Chréa

La neige est de retour en Algérie en cette deuxième moitié de janvier. Elle ne fait pas que le bonheur des agriculteurs qui commençaient à s’inquiéter après plusieurs semaines sans pluie.

Elle est aussi accueillie avec joie par les familles qui y voient une opportunité pour sortir et casser la routine quotidienne. Sauf que l’Algérie est un pays qui n’a pas vraiment de traditions en la matière.

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Ni les stations climatiques ni les autorités ne sont prêtes pour accueillir et gérer des flux importants de touristes.

Le week-end passé s’est transformé en calvaire pour des centaines de familles à Chréa, une station climatique qui surplombe la ville de Blida.

Pour les Algérois, c’est l’endroit le plus proche pour admirer la neige. Pour les Algériens des autres régions, Chréa fascine pour sa neige et son climat.

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Admirer seulement, et éventuellement improviser quelques jeux de circonstance pour les enfants, bataille de boules ou petit bonhomme de neige. Pour le ski, la station de Chréa n’est pas aménagée.

L’autre destination privilégiée en hiver, c’est Tikjda, sur les hauteurs de Bouira, à une centaine de kilomètres d’Alger.

La neige a touché ces derniers jours tout le nord de l’Algérie, mais Chréa et Tikjda sont les plus fréquentées.

Vendredi, des scènes surréalistes se sont produites à Chréa. Des grappes humaines ont pris d’assaut les lieux dès la matinée. La circulation automobile était très dense sur le chemin qui y mène, obligeant les autorités à fermer l’axe qui monte aux hauteurs à partir de Blida pour éviter une situation inextricable au retour.

Car un tel scénario se produit régulièrement, que ce soit à Chréa ou à Tikjda. Il est arrivé que des dizaines de familles soient bloquées dans le froid faute d’issue pour rentrer chez elles.

La fermeture de la route n’a pas dissuadé les centaines de familles qui ont fait le déplacement de continuer le chemin, arpentant à pied le sentier qui mène jusqu’à Chréa.

Car même le téléphérique a été fermé à cause de la très forte affluence. Grâce à ces mesures, les désagréments ont été limités, mais de nombreuses familles ont été toutefois bloquées et n’ont été sauvées qu’après l’intervention des secours.

Station de Chréa : l’une des rares destinations

Cet engouement révèle d’abord le manque de destinations de loisirs et de sorties pour les familles algériennes. La moindre opportunité est saisie. Les mêmes scènes ont rythmé les week-ends de l’été dernier dans les villes côtières.

En Algérie, les complexes touristiques sont inaccessibles pour les bourses moyennes, les parcs de loisirs peu nombreux et également chers, l’activité culturelles est réduite à sa simple expression, les destinations du sud sont lointaines ; il ne reste que la plage, quand elle n’est pas squattée par les « parkingueurs » et les loueurs de parasols.

En hiver, c’est les hauteurs enneigées pour ceux qui n’habitent pas trop loin. Mais l’offre est très limitée, comme le montre l’affluence du week-end dernier à Chréa.

Ces scènes se répètent à chaque épisode de neige en Algérie. Plus d’une fois, des familles entières sont restées bloquées dans le froid des hauteurs de Tikjda.

Après toutes ces années, des investissements pouvaient être effectués pour renforcer les capacités d’accueil, multiplier les voies d’accès et mettre en place des plans de circulation. Des campagnes de sensibilisation devaient aussi être menées dans la semaine, et ne pas attendre la grande affluence du week-end.

Mais encore une fois, l’Algérie, un pays chaud, n’a pas de traditions dans le tourisme d’hiver. On le constate à travers ce déplacement en masse vers la station de Chréa en pleine tempête de neige.

Dans la même journée de vendredi, un bulletin météo spécial était lancé annonçant de fortes chutes de neige dans tout le nord du pays, y compris la région de Blida.

Or, s’il y a un comportement à éviter absolument, c’est de se rendre en montagne quand des chutes de neige sont annoncées : au retour, on risque d’être surpris par le blocage de la route, en plus des risques élevés d’accidents de la route et d’éboulements.

Mais à la décharge de toutes ces familles qui ont fait le déplacement malgré le danger et les désagréments, il faut dire que leur comportement est compréhensible dans une certaine mesure.

Non seulement les destinations ne sont pas nombreuses, particulièrement les stations climatiques, mais aussi la neige en Algérie est un événement qui ne survient pas toutes les semaines.

Cette ruée pour découvrir ou redécouvrir la neige révèle, en plus du manque d’infrastructures de loisirs, une forte demande de la part des Algériens pour le tourisme interne.

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