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Normalisation avec Israël : un prêche d’Al Sudaïs jette le trouble sur les intentions de l’Arabie saoudite

Trois jours après l’autorisation accordée par l’Arabie saoudite aux avions israéliens à destination ou en provenance des Emirats arabes unis de survoler son territoire, un prêche de l’imam de la grande mosquée de la Mecque a jeté le trouble sur les intentions du royaume quant à la normalisation de ses relations avec Israël.

Et si l’accord signé entre les Emirats arabes unis et Israël n’était que le début d’un processus qui amènerait d’autres pays arabes et musulmans à suivre la même voie ?

Beaucoup le soutenaient et l’imam de la grande mosquée de la Mecque vient de donner un indice supplémentaire que, quelque part, on chercherait à baliser la voie pour une normalisation globale et la faire accepter comme un choix qui ne serait pas forcément en porte-à-faux des préceptes religieux et la sacralité d’al Qods pour les musulmans.

Cheikh Abdu al Rahmane al Sudais n’est pas n’importe qui en Arabie saoudite. C’est l’une des voix religieuses les plus écoutées. En plus d’être l’imam de la grande mosquée de la Mecque, le lieu le plus sacré pour le monde musulman, il dirige aussi la présidence générale pour les affaires des deux lieux saints de l’Islam.

Lors du prêche hebdomadaire de vendredi dernier, il a expliqué aux fidèles qu’il est important de respecter les autres religions, rappelant les premières années de l’Islam où le Prophète interagissait avec toutes les confessions présentes en Arabie.

« La communauté doit corriger et purifier la foi islamique des croyances fausses et suspectes », a-t-il tranché. Si aucun exégète ne peut attaquer l’imam de la Mecque sur le fond de ce qu’il a prêché, tant il est connu du Prophète des épisodes de coexistence avec les autres communautés, dont les Juifs, le timing choisi pour faire un tel rappel peut ne pas être innocent, estime-t-on.

D’autant plus que, signale-t-on encore, al Sudais est connu pour être un défenseur inconditionnel de toutes les positions et choix de la famille royale saoudienne, dont il est du reste membre.

Si son prêche est perçu comme un signe avant-coureur d’une normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et Tel-Aviv, c’est aussi parce que la politique du royaume ces dernières années le laisse penser, ne serait-ce qu’en ne s’opposant pas au « deal du siècle » proposé par les Américains et considéré comme très défavorable aux Palestinien.

C’est aussi parce que l’allié le plus proche de l’Arabie saoudite, les Emirats de Mohamed Ben Zayd, a franchi le pas en concluant un accord de normalisation sans contrepartie après des années d’une politique similaire.

Une légitimation religieuse

L’importance des propos d’al Sudais réside dans le fait qu’une éventuelle décision de l’Arabie saoudite de franchir le pas de la normalisation avec Israël serait synonyme de feu vert pour le reste du monde musulman, notamment pour certains pays qui entretiennent des relations économiques et culturelles étroites avec Israël mais qui hésitent à établir des relations diplomatiques formelles.

Son prêche survient trois jours après la décision de l’Arabie saoudite d’autoriser les avions israéliens à destination ou en provenance des Emirats arabes unis de survoler son territoire.

Il faut cependant nuancer. La sortie d’al Sudais ne constitue pas un précédent. Il a tenu des propos controversés par le passé, comme lorsqu’il a déclaré en 2017 que « Donald Trump, les États-Unis et l’Arabie saoudite conduisent le monde à la paix ».

En 2005, il mettait déjà en exergue la cohabitation pacifique que préconisait l’Islam à ses débuts avec toutes les communautés. « L’histoire de l’islam est le meilleur témoignage de la façon dont différentes communautés peuvent vivre ensemble dans la paix et l’harmonie », disait-il à la BBC, tout en considérant le sionisme israélien comme « le pire des ennemis de l’islam ».

Quelles que seraient les motivations du prêche de l’imam de la Mecque, il demeure certain que la normalisation, si elle devrait se faire, doit d’abord se couvrir d’une légitimité religieuse.

Ce qui ne se devrait pas être un écueil insurmontable tant les religieux de nombreux pays musulmans n’émettent que rarement des fatwas contraires aux désidératas de leurs gouvernants.

En annonçant la normalisation avec Israël en août dernier, les Emirats avaient trouvé un soutien sans faille du prédicateur émirati Wassim Youcef qui a poussé le bouchon jusqu’à de demander pardon à tout Israélien qu’il aurait offensé par le passé.

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