Plus de deux ans après la normalisation de ses relations avec le Maroc, Israël a reconnu la « souveraineté marocaine » sur les territoires du Sahara occidental occupé.
L’annonce a été faite par le cabinet du palais royal de Rabat lundi 17 juillet. En alignant sa position sur celle des États-Unis sur la question, le gouvernement israélien attend beaucoup de la partie marocaine qui, toutefois, risque de ne pas tenir ses engagements, met en garde une analyse d’un institut israélien, le Institute for national security studies (INSS) de l’université de Tel-Aviv.
La décision du gouvernement de Benyamin Netanyahou intervient en droite ligne des accords de normalisation signés en décembre 2020 sous l’égide des États-Unis de Donald Trump qui avaient reconnu en contrepartie la « marocanité » du Sahara occidental.
L’analyse de l’institut israélien ne nie pas que la reconnaissance par Tel-Aviv de la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental est susceptible d’approfondir davantage la coopération et le partenariat entre les deux pays qui ont déjà franchi des étapes importantes dans leur rapprochement dans divers domaines, notamment ceux de la défense et de la sécurité.
Elle pourrait même permettre de surmonter les obstacles qui empêchent jusque-là de promouvoir les bureaux de liaison respectifs en ambassades permanentes.
Maroc – Israël : la méfiance règne
Néanmoins, sur le long terme, l’INSS se montre moins enthousiaste. L’institut estime qu’en dépit de la réalisation par Israël de sa part de l’accord, « le Maroc pourrait ne pas respecter sa part du marché ». Les mesures prises par les autorités marocaines pourraient s’avérer « temporaires et réversibles », craint l’Institut spécialisé israélien.
Pour expliquer leurs appréhensions, les auteurs de l’analyse mettent en avant des considérations nationales propres au Maroc et interarabes. Ils rappellent dans ce sens « l’engagement de longue date » du royaume en faveur de la question palestinienne, « qui jouit d’une grande popularité auprès de beaucoup de Marocains et dans le monde arabe ».
La remise en cause de ces nouvelles relations, poursuit l’analyse, se fait déjà entendre « y compris par le parti islamiste (Parti de la justice et du développement, PJD, NDLR) qui était au pouvoir lors de la signature de l’accord de normalisation ».
En outre, les analystes israéliens ne perdent pas de vue qu’il y a « une hostilité considérable envers Israël parmi l’opinion publique marocaine ».
Citant un sondage publié par le Baromètre arabe en septembre 2022, l’INSS israélien souligne que 64 % des répondants étaient opposés ou fortement opposés à la normalisation entre Israël et les pays arabes.
Par conséquent, conclut l’analyse, la reconnaissance par Israël de la souveraineté marocaine au Sahara Occidental devrait être liée à « des engagements du Maroc qui ne seront pas facilement annulés à l’avenir ».