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« Nous sommes à la limite d’une vraie confrontation entre l’Algérie et le Maroc »

« Nous sommes à la limite d’une vraie confrontation entre l’Algérie et le Maroc »

Rachid Grim est politologue. Dans cet entretien il revient sur les tensions entre l’Algérie et le Maroc.

Le Maroc a rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran en l’accusant d’avoir facilité une livraison d’armes au Front Polisario et en impliquant indirectement l’Algérie. La Ligue arabe a apporté son soutien au Maroc. Comment expliquez-vous cette position ?

La position de Ligue arabe est prévisible parce que cette organisation est complètement influencée par l’Arabie saoudite qui traîne derrière elle tous ses membres sauf certains pays comme l’Algérie. Certes, notre pays ne s’est jamais mis en confrontation avec l’Arabie saoudite. Mais il n’a jamais suivi les grandes lignes établies par rapport à certaines questions dont celle du Yémen par exemple. Il s’est toujours mis un peu en retrait. L’Algérie paie en quelques sortes sa position de neutralité par rapport aux décisions saoudiennes.

Quel impact pourrait avoir un tel soutien sur l’Algérie ?

Ce soutien n’aura aucun impact réel sur l’Algérie. Notre pays n’a pas de nombreuses relations notamment économiques avec les pays arabes. Cela dit, nous sommes à la limite d’une vraie confrontation entre l’Algérie et le Maroc. Rien ne dit que le royaume ne va pas déclencher un conflit armé. Cela peut arriver à n’importe quel moment. Cela est déjà arrivé dans le passé.

Le ministère des Affaires étrangères a justement reçu l’ambassadeur du Maroc suite aux accusations formulées par Nasser Bourita…

Je pense qu’il y aura encore des tensions dans les relations entre les deux pays. Mais ce qui donne encore de l’espoir, c’est que ni le Maroc, ni l’Algérie n’ont retiré leurs ambassadeurs. C’est-à-dire qu’il y a toujours une relation, même si elle est tendue. Cela dit, la rupture est concevable. Elle ne viendra pas de l’Algérie. Elle viendra du Maroc le jour où il sentira qu’il n’a plus que cette option car il ne lâchera pas le Sahara occidental.

Quelles sont les possibles suites aux accusations marocaines dans l’immédiat ?

Je ne pense pas qu’il y aura des suites réelles. Avec la rupture de ses relations avec l’Iran, le Maroc ne fait que suivre les autres pays du Golf. Le Maroc brasse de l’air. Une réunion autour du Sahara occidental se tiendra dans quelques mois (à  l’ONU), le Maroc a besoin de rallier le plus grand nombre de pays à sa cause et notamment les États-Unis qui sont toujours neutre par rapport à cette question. Aujourd’hui, cela risque de changer avec Donald Trump.

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