L’Algérie a décidé ce dimanche 11 mai d’expulser de nouveaux agents diplomatiques et consulaires français du territoire algérien. L’agence de presse officielle APS annonce avoir appris "de sources informées" que le chargé d’affaires de l’Ambassade de France en Algérie – l’ambassadeur étant toujours rappelé à Paris – a été reçu aujourd’hui au siège du ministère des Affaires étrangères où il lui a été demandé que "les agents français, objet d’une affectation dans des conditions irrégulières, fassent l’objet d’un rapatriement immédiat vers leur pays d’origine".
Les services compétents algériens auraient constaté, sur la période récente, l’affectation de pas moins de quinze agents français devant assumer des fonctions diplomatiques ou consulaires "sans que ces affectations n’aient fait, au préalable, l’objet, ni de notifications officielles, ni de demandes d’accréditation appropriées comme l’exigent les procédures en vigueur", ajoutent les sources de l’agence de presse algérienne.
L’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, a été rappelé à la mi-avril par le gouvernement français suite à l’expulsion par Alger de 12 agents français, en réaction à l’incarcération en France d’un agent consulaire algérien. Paris a aussi procédé à l’expulsion du même nombre d’agents consulaires algériens. Depuis, l’ambassade de France en Algérie est gérée par un chargé d’affaires.
La convocation de celui-ci serait intervenue, explique l’APS, après le constat de "manquements flagrants et répétés de la partie française au respect des procédures consacrées en matière d’affectation d’agents auprès des représentations diplomatiques et consulaires françaises en Algérie".
Des passeports de service remplacés par des passeports diplomatiques
Ces agents, ajoute-t-on, étaient titulaires auparavant de passeports de service, et ils se sont vu accorder des passeports diplomatiques "pour faciliter davantage leur entrée en Algérie". En vertu des accords entre les deux pays, les titulaires de passeports diplomatiques n’ont pas besoin de visa pour voyager.
Surtout, les mêmes sources signalent que cette liste de quinze agents inclut "deux agents relevant du ministère français de l’Intérieur et devant manifestement suppléer partiellement à ceux qui ont été récemment déclarés persona non grata". L’APS confirme ainsi une information donnée samedi soir par le journaliste Fayçal Metaoui sur la chaîne Al24 News. Ces agents appartiennent à une direction qui dépend des services du ministre de l’Intérieur, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), selon la même source.
Pour les autorités algériennes, il s’agit d’"affectations irrégulières au regard des procédures habituelles observées par les deux pays jusqu’à présent conformément aux conventions internationales et à la pratique diplomatique". Outre leur caractère irrégulier, ces affectations sont intervenues "alors même que des ressortissants algériens titulaires de passeports diplomatiques se sont vu refuser l’accès au territoire français.
Par ailleurs, deux consuls généraux nommés aux postes de Paris et de Marseille et sept autres consuls attendent toujours de recevoir l’accréditation des autorités françaises depuis plus de cinq mois", révèle l’APS.
"En conséquence, les autorités algériennes ont demandé que l’ensemble des agents français, objet d’une affectation dans des conditions irrégulières, fasse l’objet d’un rapatriement immédiat vers leur pays d’origine", conclut la dépêche de l’agence officielle. Ces expulsions viennent s’ajouter à celles de douze agents consulaires français en avril dernier. Paris avait répliqué en expulsant douze agents algériens.
9 consuls algériens attendent leur accréditation depuis 5 mois
Les 12 agents expulsés à la mi-avril dernier sont tous placés sous l’autorité directe du ministre de l’Intérieur, avait fait savoir la diplomatie algérienne qui a accusé nommément Bruno Retailleau d’être derrière la nouvelle dégradation de la relation bilatérale, étant donné que c’est un service placé sous autorités qui a arrêté un agent consulaire algérien début avril, dans le cadre de l’affaire d’un présumé "enlèvement" du cyberactiviste Amir DZ.
Interrogé ce dimanche par France Info et Le Monde, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a indiqué que la relation France – Algérie "reste bloquée et totalement gelée".
Barrot a aussi rappelé avoir pris en début d’année des mesures concernant la circulation des porteurs de passeports diplomatiques, qui avaient été, a-t-il dit, "vivement ressenties par les personnes concernées".