
Depuis l’interdiction de son importation en 2013, la production des pommes n’a cessé d’augmenter en Algérie, notamment dans la région des Aurès à Khenchela et de Batna. Ceci dit, les prix élevés de ce fruit suscitent la polémique.
Les intermédiaires se sucrent
En effet, au moment où la production locale atteint des records historiques, ce fruit emblématique des Aurès affiche des prix souvent exorbitants. Un paradoxe qui s’explique par une longue chaîne de distribution qui facilite la spéculation.
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Alors que les producteurs de la pomme en Algérie vendent généralement leur produit à 250/300 DZD le kilo, ce prix grimpe dans les étals des marchés, dépassant parfois les 1.000 dinars. Ainsi, le prix de la pomme suscite chaque année des polémiques tandis que les acteurs économiques du secteur se renvoient les accusations.
Face à cette situation, le ministère du Commerce intérieur et de la Régulation du marché national tente de plafonner les prix pour le consommateur à 350/450 DZD, selon la qualité du produit. Une démarche qui inquiète certains cependant.
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Marché de la pomme : vers des tensions ?
Dans un post publié sur les réseaux sociaux, le président de l’association des producteurs de la pomme de Bouhmama (Khenchela) qui est également président du Conseil professionnel de la filière algérienne de la pomme, a fait état « d’une crainte chez les commerçants stockeurs quant au plafonnement des prix » de ce fruit.
Selon lui, cette démarche va mener à un « désengagement » de la part des commerçants vis-à-vis de l’achat de la pomme auprès des producteurs, ce qui va se solder, poursuit-il, par une « pénurie après le mois de novembre ».
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Le même intervenant a interpellé le président de l’APOCE, Mustapha Zebdi, l’appelant à « intervenir auprès des services du ministère du commerce afin de réviser le prix plafonné après stockage ».
« Ça sera toujours mieux que de réclamer l’importation des pommes après novembre tout en nous incombant la responsabilité de la pénurie », a-t-il conclu.
Prix de la pomme : faut-il ou pas plafonner les tarifs ?
En réponse aux propos de ce représentant des producteurs, le président de l’APOCE, Mustapha Zebdi, s’est offusqué, dans un post Facebook, « de ne pas le voir dénoncer les marges bénéficiaires raflées (par les commerçants stockeurs) au lieu de réclamer la révision des plafonds imposés par le gouvernement ».
« On a entendu dire que les prix de la pomme chez les producteurs ne dépassent pas 250/300 DZD/Kilo ! Comment est-ce possible d’accepter qu’elle soit vendue à 700/800 DZD/Kilo ? N’est-ce pas plus raisonnable de dénoncer cela ? », s’emporte le président de l’APOCE.
Contacté par TSA, Mustapha Zebdi a souligné « qu’au lieu de prendre la défense des propriétaires des chambres froides, j’aurai aimé qu’il (le président de l’association des producteurs de la pomme de Bouhmama) leur demande de se contenter d’une marge de bénéfice raisonnable ».
APOCE : « Certains producteurs créent eux même la pénurie »
Pour Zebdi, il aurait fallu que le président de l’association des producteurs de la pomme de Bouhmama pointe du doigt « les spéculateurs et les détenteurs des chambres froides au lieu d’appeler à ne pas plafonner le prix de la pomme ».
« Le fait qu’un agriculteur vende sa pomme à 250 DZD à longueur d’année alors que celle-ci se vend sur le marché à 700 ou à 800 DZD, est injuste », s’indigne Zebdi qui appelle à « réguler le marché et à freiner cette hausse qui porte atteinte à l’agriculteur et au consommateur ».
Pour conclure, le président de l’APOCE jette un pavé dans la mare en assurant que « le problème c’est que certains agriculteurs sont eux même détenteurs de chambres froides, et sont eux qui veulent monopoliser le produit en vendant au compte-goutte à longueur d’année ».