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« On n’a jamais croisé autant de mauvais regards » : l’inquiétude des Algériens de France

« Je me pose pour la première fois la question si je peux rester. Pourtant, je me sentais intégrée ».

« On n’a jamais croisé autant de mauvais regards » : l’inquiétude des Algériens de France
Par fatih / Adobe Stock
Thinhinane Lardjane
Durée de lecture 2 minutes de lecture
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Alors que la crise diplomatique entre Paris et Alger se durcit, les Algériens de France s’interrogent. À Paris et à Marseille, les deux principaux fiefs de l’immigration algérienne en France, l’inquiétude monte.

Entre les déclarations qui attisent la crise de Bruno Retailleau et l’intransigeance de l’Algérie, les Algériens de France se retrouvent assaillis chaque jour d’une actualité menaçante.

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Le gouvernement « ferait mieux de s’occuper de l’économie du pays »

À Barbès, haut lieu de la communauté algérienne à Paris, le journal français L’Humanité a recueilli les témoignages de plusieurs ressortissants algériens qui n’ont pas caché leurs inquiétudes et angoisses vis-à-vis de la situation actuelle.

« Ça ne parle que de l’Algérie », s’emporte Salah, 77 ans, boucher au marché de Barbès. Selon lui, le gouvernement français « ferait mieux de s’occuper de l’économie du pays ». L’Algérien de France estime que les deux peuples se mélangent depuis trop longtemps et que « ce n’est pas à cause de deux ou trois voyous » qu’ils vont se diviser.

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Malik, ancien sans-papiers, estime qu’il est « tranquille » maintenant qu’il a décroché sa carte de résident, mais assure qu’il « s’inquiète pour les autres ». « Les gens recommencent à avoir peur, même s’ils ont une attestation de dépôt de leur dossier (de titre de séjour) ».

« On n’a jamais croisé autant de mauvais regards »

Pour cet Algérien de France, le gouvernement français « invente un nouveau truc tous les jours », passant des influenceurs au voile et du voile aux OQTF.

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Selon lui, le problème réside dans l’extrême droite qui semble avoir pris le dessus au sein du gouvernement. « Depuis que le gouvernement lui court après, on n’a jamais croisé autant de mauvais regards », a-t-il souligné.

Si Malik en veut à Bruno Retailleau qu’il accuse de « tout mélanger », d’autres Algériens semblent ne pas avoir entendu parler de ce responsable.

C’est notamment le cas de Mohamed qui vend des cigarettes sous le métro. « J’ai risqué ma vie pour être ici, madame. Je l’ai oublié, le Bled ! », a-t-il déclaré.

« Je me pose pour la première fois la question de partir »

À Marseille, une autre ville phare des Algériens de France, les tensions entre Alger et Paris n’ont pas manqué de jeter un sentiment d’angoisse et d’amertume. Selon les derniers chiffres de l’Insee, la ville phocéenne compterait jusqu’à 31.000 Algériens et Algériennes.

Soumiya Belkhenchir est membre de cette importante diaspora et elle se dit « fatiguée d’entendre parler des Algériens toute la journée ». Cette Franco-Algérienne de 56 ans songe même à quitter la France. « Je me pose pour la première fois la question si je peux rester. Pourtant, je me sentais intégrée », a-t-elle confié à Actu.fr.

Farés, commerçant, estime quant à lui que la France, c’est aussi « notre pays », mais que la campagne menée par les médias français contre l’Algérie est loin d’être « rassurante ». Ce sont des « propos de nostalgiques de l’Algérie française », confirme Soumiya.

La politique de Retailleau pointée du doigt

Samia Chabani, spécialiste des diasporas et de l’immigration, dénonce quant à elle le « matraquage anti-algérien » mené par le ministre de l’Intérieur français. « On a vraiment le sentiment que c’est la France qui mène la polémique », a-t-elle confié.

Pour Omar, ingénieur franco-algérien de 54 ans établi à Marseille, la démarche de Bruno Retailleau consiste à « mélanger la politique dans un conflit pour gagner les élections de 2027 ». Les premières victimes, selon lui, sont les Algériens de France.

Face à une telle situation, certains craignent le pire et d’autres s’efforcent de penser qu’il s’agit juste d’une crise qui va vite passer.

Soumiya craint « un durcissement de la position française sur le droit au séjour », tandis que Farés reste « positif » et estime que « la France a besoin de l’Algérie et inversement ».

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