Abdelwahab Benzaïm, sénateur FLN et membre du Comité central du parti a publié durant la grève des enseignants une contribution sur sa page Facebook où il a critiqué la gestion de la crise par la ministre de l’Éducation nationale Nouria Benghabrit et a démandé son départ.

Propos recueillis par Achira Mammeri.

Vous allez comparaître mardi prochain devant la commission de discipline du FLN. Quelles en sont les raisons ?

Effectivement, j’ai été informé ce matin par téléphone de la décision du Secrétaire général du parti de saisir la commission de discipline contre ma personne…

Les convocations se font généralement par téléphone ?

Généralement le concerné reçoit une convocation signée par le SG du parti.

Pourquoi vous allez comparaître devant la Commission de discipline ?

Selon un site d’information proche du Secrétariat général du FLN, Ould Abbes me reproche d’outrepasser mes prérogatives et de piétiner même sur les missions du président de la République. Parce que j’ai demandé le départ de Mme la ministre de l’Éducation nationale pendant la crise qui a frappé de plein fouet le secteur de l’éducation qui a été paralysé pendant plusieurs semaines par la grève du Cnapeste. Ce qui est entièrement faux.

Mais vous avez effectivement demandé le départ de Benghabrit dans une contribution publiée sur votre  compte Facebook..

C’est mon droit en ma qualité de sénateur. La Constitution me permet d’intervenir dans les débats, de prendre en charge et de transmettre les préoccupations des citoyens qui nous ont élus. Je suis intervenu dans le débat lorsque les portes de dialogue  ont été fermées de l’autre coté. Rappelez-vous les déclarations d’Ahmed Ouyahia, le chef du gouvernement à partir de Biskra lorsqu’il a menacé les enseignants d’actionner la justice contre eux, souvenez vous aussi des propos du ministre du Travail qui a refusé de faire l’intermédiaire sous prétexte que la justice a déclaré la grève du Cnapeste illégale. C’est suite à ses positions que les décisions de radiation des enseignants ont été signées et commencées à être exécutées. Comment peut-on renvoyer 19.000 enseignants ?

C’est grâce à l’intervention du président de la République que la crise a trouvé un dénouement. Ce n’est pas la première fois que le président intervient pour désamorcer une crise dans le secteur de l’éducation. Cela prouve l’incapacité de la ministre à gérer son secteur.

Des sources anticipent sur les décisions de la commission de discipline et évoquent votre révocation du parti..

J’ai eu échos de cette information dans la presse. Moi je suis un militant discipliné. Je revendique la démocratie et au nom de ce principe je me présenterai  mardi devant la commission de discipline pour expliquer ma position. Je me soumettrai à la décision de la commission. Je n’ai pas critiqué la personne de la ministre de l’Éducation, j’ai juste remis en cause sa gestion du secteur. Comme j’ai appelé le ministre de la Santé à dialoguer avec les médecins résidents (en grève depuis près de quatre mois). Le président est intervenu en faveur des enseignants. Cela conforte ma position et prouve que la crise a été mal gérée par la ministre.

Pensez-vous que votre convocation devant la commission de discipline va  réduire les cadres du parti au silence à l’avenir ?

Justement, des députés, des sénateurs et des membres du Comité central se posent la question. Est-ce que les militants du FLN auront désormais le droit de convoquer un ministre au Parlement ? De critiquer sa gestion ? Seront-ils en mesure d’intervenir dans le débat politique ? Ou doivent-ils par contre se taire ? Au sein du parti il n’y a plus de débat entre la direction et les militants. Toutes les prérogatives sont entre les mains du SG du parti. Est-ce que c’est bien cela la démocratie ? Moi je réponds par non. Le FLN ce n’est pas le SG mais se sont ses instances (Comité central,  bureau politique etc …).