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Ouyahia aux patrons : « On ne peut pas se projeter sur 20 ans »

Ouyahia aux patrons : « On ne peut pas se projeter sur 20 ans »

Anis Belghoul/NEWPRESS
Ahmed Ouyahia, premier ministre, à l'université d'été du Forum des chefs d'entreprises (FCE)

Ahmed Ouyahia a répondu, ce mercredi 18 octobre, aux questions des patrons lors d’un débat organisé dans le cadre de l’université d’été du FCE qui se tient à la Safex à Alger.

Avant de se prêter au jeu des questions-réponses, le Premier ministre a prononcé un discours où il fixa d’emblée le cadre de la rencontre. « Nous sommes politiquement dans le même camp, le camp de l’Algérie, le camp qui respecte les institutions de l’État, à leur tête le président Abdelaziz Bouteflika », a-t-il dit.

L’État a accordé des avantages  

Ahmed Ouyahia a délivré ensuite plusieurs messages à l’adresse des patrons. Il a d’abord signifié qu’il n’était pas venu pour écouter des critiques. Pour cela, il a rappelé donc aux chefs d’entreprises les avantages qui leur ont été accordés par l’État depuis 2000.

« Certes, il est d’usage pour certains de dire que le climat des affaires n’est pas parfait dans notre pays. Il y a sans doute une part de vrai dans une telle affirmation. Mais, dans le même temps, je voudrai rappeler quelques réalités nationales dans ce domaine », a-t-il lancé.

Le Premier ministre a évoqué notamment les avantages fiscaux et la prise en charge des allocations familiales par l’État. « Nous sommes le seul pays au monde à maintenir délibérément les taux d’intérêts en dessous du taux d’inflation et même à les bonifier de moitié, au profit de l’investissement. Nous sommes parmi les rares pays au monde à soutenir financièrement le recrutement des primo-demandeurs d’emplois », a-t-il énuméré.

Les entreprises sont aussi responsables de l’économie informelle

À la fin de son allocution, Ahmed Ouyahia a pris place aux côtés du modérateur, Mohamed Cherif-Belmihoub. Ce professeur et docteur en économie a posé la première question sur le recours au financement interne non conventionnel. « Le gouvernement n’a pas fait un choix. Il a évité un arrêt cardiaque », a rétorqué Ouyahia. Le modérateur a abordé aussi l’épineuse question de l’économie informelle. Le Premier ministre a répondu en évoquant le rôle des entreprises dans le développement de ce phénomène, mais dans la lutte contre l’économie souterraine.

« Le problème, ce n’est pas le jeune qui veut trois pantalons à (la Rue) Larbi Ben M’hidi (à Alger). Le problème est dans le trafic. Combien d’entreprises participent-elles dans ce trafic ? », a interrogé Ouyahia, en promettant de réduire les importations et donc l’ampleur de l’économie informelle. Mais il a rappelé aussi que « la lutte contre ce phénomène est une affaire collective ». « Quand un producteur vend (une marchandise), il exige une facture », a-t-il dit.

Le rétablissement du chèque

La parole a été donnée aux chefs d’entreprises, présents dans la salle. Laid Benamor, président de la Caci et PDG du groupe éponyme, a demandé à quand le rétablissement du chèque dans les transactions commerciales. « Le chèque nous avait même coûté une explosion de violence (en 2011). Faisons un deal entre les entreprises et l’administration pour travailler avec le chèque. Vous pouvez imposer le chèque en tant qu’entreprises », a répondu le Premier ministre.

Des chefs d’entreprises n’ont pas hésité à faire l’éloge des politiques menées par le gouvernement et les dispositifs mis en place pour la protection de l’économie nationale. « Nous prendrons des mesures pour protéger l’économie nationale. Nous fermerons aussi les frontières. Dans l’accord avec l’UE, il y a des mesures de sauvegarde », a enchaîné Ouyahia.

Pas d’entreprises publiques dans la bourse

Le Premier ministre a également été questionné sur le rôle de la Bourse dans le financement de l’économie : « Il est hors de question que l’État ouvre le capital des banques et des sociétés juteuses par le biais de la bourse ». Dans ses réponses, Ahmed Ouyahia a affirmé que l’Algérie ne pouvait pas se projeter sur 2050. « Nous sommes encore très fragiles, on ne peut pas se projeter sur 20 ans », a-t-il annoncé, provoquant l’étonnement de certains patrons. « Les chefs d’entreprises ont besoin de vision. Regardez ce qui se passe en ce moment en Arabie saoudite avec le plan « Vision 2013 » », a réagi en privé un chef d’entreprise.

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