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Ouyahia en première ligne face à la crise

Ouyahia en première ligne face à la crise

Sidali Djarboub / NEWPRESS

Un mois après sa nomination surprise, en remplacement d’Abdelmadjid Tebboune dont la mise à l’écart brutale n’a pas encore livré tous ses secrets, Ahmed Ouyahia va présenter ce dimanche 17 devant les députés le plan d’action de son gouvernement.

Interrogations sur la Planche à billets

Ahmed Ouyahia, qui dirige l’Exécutif pour la quatrième fois depuis 1995, est habitué à l’exercice. Un exercice sans grand risque : le Parlement est dominé par la majorité FLN-RND, qui va voter le Plan d’action d’Ouyahia sans en modifier une seule virgule.

Le seul intérêt de cette présentation réside dans les réponses que va apporter le nouveau Premier ministre aux interrogations autour de certains points de son programme. Le plus attendu est sans doute celui lié à la question de la Planche à billets. Depuis son officialisation, le 6 septembre, par le Conseil des ministres, cette option suscite beaucoup de questionnements.

Si la méthode est connue -le financement direct du Trésor par la Banque d’Algérie -, ses modalités le sont moins. Quels montants seront concernés ? Une limite sera-t-elle fixée ? Quelles mesures vont accompagner cette option considérée comme étant à hauts risques pour l’économie et le pouvoir d’achat des ménages ? Quel sera son impact sur le dinar ?

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Ouyahia en première ligne

Autant de questions qui restent sans réponses. Aucun des ministres n’est en effet monté au créneau pour défendre ou expliquer la mesure. Ahmed Ouyahia semble avoir choisi d’être en première ligne.

Sa mission est loin d’être simple pour au moins trois principales raisons. Connu pour sa froideur, à la limite de l’arrogance, Ahmed Ouyahia n’est pas connu pour être un bon pédagogue. Or, en période de crise surtout quand c’est le pouvoir d’achat des ménages qui est directement concerné, une bonne dose de pédagogie est nécessaire pour faire passer des décisions difficiles.

La deuxième tient au fait qu’Ahmed Ouyahia, qui a par le passé assumé des mesures impopulaires, comme la fermeture de centaines d’entreprises et l’emprisonnement de cadres, ne viendra pas pour annoncer des bonnes nouvelles, mais pour tenter d’expliquer la faillite économique et les raisons du recours à une cure d’austérité qui risque d’avoir des conséquences désastreuses sur les ménages.

À l’issue de la rencontre mardi dernier avec ses alliés, le FLN, TAJ et le MPA, Ahmed Ouyahia, dans des déclarations à la presse, avait donné un avant-goût de ce qu’il allait annoncer en évoquant « un message de sérénité sur des bases réalistes ». «J’adresse aux Algériens un message d’espoir et de sérénité politique reposant sur des bases réalistes que nous aurons l’occasion d’expliquer ultérieurement ». En décodé : il va annoncer des mauvaises nouvelles et une période difficile à venir.

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Doutes sur les capacités du gouvernement

Enfin, la troisième raison : au regard de toutes les occasions manquées pour mettre en place de véritables réformes, notamment du temps de la grande aisance financière, Ahmed Ouyahia aura de la peine à trouver des arguments pour convaincre que les remèdes préconisés, maintenant que les ressources financières se sont taries, vont permettre de sortir le pays de la crise. À quelques exceptions près, ce sont les mêmes équipes qui dirigent depuis plusieurs années. Comment des responsables qui ont échoué avec le pétrole à 120 dollars et des caisses pleines peuvent-ils réussir aujourd’hui que le pays est au bord de la faillite ?

À l’APN, l’opposition va sans doute rappeler à Ouyahia tous ces points. Ce n’est sans doute pas sans raison qu’Ouyahia, anticipant la « tempête » parlementaire qu’il aura à affronter, a convoqué ses alliés pour un conclave la semaine dernière. Il ne s’agissait pas, à vrai dire, de leur faire partager les options arrêtées par l’Exécutif, étant rompus à la culture de l’unanimisme, mais pour les inviter à contenir les « assauts » de l’opposition qui, elle, ne ratera pas l’occasion pour faire le procès du régime et enfoncer le patron du RND.

Surtout que le contexte préélectoral, à la veille des élections locales, dernier tour de piste avant la présidentielle, s’y prête. Même s’il ne faut pas se faire d’illusions sur l’issue du vote du plan d’action, il reste que le débat s’annonce houleux. Reste juste à savoir si Said Bouhadja va tolérer la retransmission des débats ou si lui aussi va faire en sorte à confiner « les échanges » entre les murs du palais «Zighoud Youcef». Mais pour Ouyahia ce ne sera qu’un grand examen oral, avant d’aller au charbon « pour mobiliser les Algériens aux élections » et faire passer la pilule de la prochaine Loi de finances.

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