Économie

Patronat : vexée, Saida Neghza se déchaîne contre le CREA

La présidente de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), Saïda Neghza, a ouvert le feu sur le Conseil du renouveau économique algérien (CREA), et son président Kamel Moula.

Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, Mme Neghza a très peu goûté au fait que le Premier ministre ait accordé une audience à une association patronale « qui a à peine deux mois d’existence », sous-entendant que la Confédération qu’elle préside n’a pas eu droit à la même faveur alors que, dit-elle, elle est plus ancrée que le CREA. Vexée, elle se déchaine contre la nouvelle organisation patronale qui regroupe des entreprises publiques et privées.

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Samedi 16 avril, Aimene Benabderrahmane a reçu au Palais du gouvernement une délégation du CREA conduite par son président, Kamel Moula.

Selon un communiqué des services du Premier ministre, cette rencontre s’inscrit dans le cadre d’une série de consultations « tenues par le Premier ministre avec les partenaires économiques pour examiner les enjeux liés à la relance de l’économie nationale ».  

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 Cette attention accordée à « un nouveau-né » a irrité la patronne de la CGEA qui assimile le CREA à l’ex-Forum des chefs d’entreprises (FCE) d’Ali Haddad, qui purge de lourdes peines de prison après avoir été condamné pour corruption.

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Saida Neghza affirme qu’elle ne se taira pas face à ce qu’elle considère comme un « manque de considération à son égard et son organisation pataronale, comme elle ne s’est pas tue, dit-elle, à l’apogée de la puissance d’Ali Haddad, de Saïd Bouteflika, d’Ouyahia et de Sellal », deux anciens Premiers ministres qui purgent des peines de prison pour des affaires de corruption.

« Je dis à tous les Algériens que le CREA c’est un FCE-bis », plante-t-elle d’emblée, assimilant cette entité patronale, créée le 19 février dernier, à l’ex organisation patronale qui avait soutenu l’ex-président Abdelaziz Bouteflika.

« Je ne suis pas contre le fait de créer des confédérations patronales, fussent-elles mille. Seulement, je ne tolère pas qu’on crée une nouvelle îssaba » du nom des anciens oligarques dans la lignée d’Ali Haddad, a attaqué Mme Neghza.

«  Le CREA, un FCE-bis »

Tout en se disant ne pas être contre le fait que Kamel Moula soit reçu par le Premier ministre, la présidente de la Confédération générale des entreprises algériennes dénonce que son organisation n’ait pas eu la même faveur malgré sa représentativité.

« Je suggère au Premier ministre de demander à son ministre du Travail de lui dire quelle est la première confédération patronale en Algérie », a martelé Saïda Neghza, furieuse.

Elle déplore qu’elle ne soit pas considérée dans son pays alors qu’elle a été honorée dans de nombreux pays. « En Algérie on ne considère pas les gens qui aiment l’Algérie et la font respecter », dénonce-t-elle. « Le président de la République veut libérer l’Algérie, malheureusement il y a des gens qui veulent détruire le pays », accuse-t-elle.

Saida Neghza s’adresse au Premier ministre Aimene Benabderrahmane : « Vous avez offert au CREA des banques, des entreprises nationales (Sonelgaz, Naftal, Saïdal), c’est-à-dire vous avez créé un Ali Haddad, et pour que tous les cahiers de charges et les projets aillent à cette organisation et les hommes d’affaires qui la composent. Vous nous avez créé une îssaba », a fulminé Mme Neghza qui rappelle qu’elle a traversé du temps de l’ancien président et de son cercle d’hommes d’affaires, des épreuves qui l’ont affaiblie (elle a souffert de cancer) et la fermeture de ses sociétés.

Said Neghza assure qu’aujourd’hui elle ne se taira pas non plus. « Je suis prête à aller en prison et à mourir, ma seule condition c’est qu’on me respecte », lance-t-elle. Saida Neghza s’attaque au passé du président et les membres du CREA, qui, rappelle-t-elle, soutenaient Ali Haddad.

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