
Les scandales d’espionnage en Europe se suivent et se ressemblent pour les services marocains. Cette fois, c’est aux Pays-Bas qu’un agent marocain est poursuivi. La justice néerlandaise réclame la présence au procès du chef de la DGED, le contre-espionnage marocain, Yassine Mansouri.
Selon la presse locale, dont le quotidien amstellodamois NRC Handelsblad, le tribunal de Rotterdam juge un agent du renseignement marocain qui a infiltré pendant de nombreuses années les services antiterroristes néerlandais.
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Le prévenu, présenté comme étant Abderrahim El M., est un Néerlandais de 60 ans d’origine marocaine. Arrivé aux Pays-Bas pour étudier la philosophie, y est resté pour travailler comme traducteur en langue arabe.
Un espion marocain poursuivi aux Pays-Bas
Sa profession l’a amené à devenir analyste principal à la Coordination nationale pour la lutte contre le terrorisme. À ce titre, il avait accès à des informations classifiées sur la radicalisation et le terrorisme, ainsi qu’à certaines opérations policières. Des informations qu’il livrait régulièrement à la DGED marocaine, selon les médias néerlandais qui citent le parquet.
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Mis sous surveillance pendant deux ans, il a été pris la main dans le sac en octobre 2023. Alors qu’il s’apprêtait à se rendre au Maroc, il a été arrêté à l’aéroport de Schiphol en possession de documents classifiés sur des supports numérisés et cryptés.
À son domicile, le service néerlandais de renseignement et de sécurité intérieure (AIVD) a découvert 928 documents secrets. Le volume total des documents volés s’élève à 46 téraoctets, précise-t-on. Dans ses activités illégales, il aurait bénéficié de l’aide d’une policière, ajoute-t-on.
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Yassine Mansouri, le chef de la DGED marocaine, réclamé par un tribunal de Rotterdam
Emprisonné pendant 20 mois, l’espion marocain a été remis en liberté et comparaît libre à son procès. L’affaire fait grand bruit aux Pays-Bas, comme en témoigne la qualité des responsables entendus par le tribunal.
Dick Schoof, l’actuel Premier ministre qui a dirigé par le passé la Coordination nationale pour la lutte contre le terrorisme et la sécurité (NCTV), un organisme qui coordonne le travail de la police et des services secrets, a déjà apporté son témoignage devant les juges, ainsi que son successeur à la tête la NCTV. Les deux responsables ont été entendus à huis clos.
Les juges veulent aussi entendre comme témoins Yassine Mansouri et trois responsables de la DGED marocaine, car ils soupçonnent le suspect Abderrahim El M. de les avoir rencontrés lors de l’un de ses fréquents voyages au Maroc. Les observateurs locaux estiment toutefois très peu probable que Mansouri ou ses collaborateurs répondent à la convocation.
Ce n’est pas la première fois qu’un très haut responsable du renseignement marocain est réclamé par la justice d’un pays européen pour les mêmes motifs. En 2014, Abdelatif Hammouchi, le puissant chef de la DST et de la police marocaines, a échappé in extremis à une interpellation de la police française à Paris.