Économie

Pétrole américain : les raisons d’une chute historique des cours

C’est une première dans l’histoire des cotations du pétrole : le baril coté à New York pour livraison en mai a terminé ce lundi 20 avril pour la première fois sous les zéro dollar, précisément à -37,63 dollars. Autrement dit, les producteurs américains ont été contraints de payer les acheteurs.

Le Brent, côté en Europe, résiste mieux mais il dégringole tout de même de plus de 8,5% passant sous les 26 dollars à quelques minutes de sa clôture.

Comment expliquer ces écarts et surtout cette dégringolade historique du baril américain ? L’explication est surtout technique. Le baril qui a clôturé ce soir à -37,63 dollars correspond à l’échéance de mai prochain qui se termine demain mardi 21 avril.

Autrement dit, ce prix s’applique au pétrole qui va être livré ce mardi. Or, nous sommes en période de confinement et tout est l’arrêt aux États-Unis et un peu partout à travers le monde. Avec des stocks surchargés aux États-Unis, les producteurs ont été contraints de brader pour trouver preneur.

« Les seuls acheteurs de contrats à terme sur le pétrole pour ce contrat sont des entités qui souhaitent prendre physiquement livraison, comme les raffineries. Et elles n’en ont pas besoin, les réservoirs de stockage étant déjà remplis », explique le site financier Investir.

« Le contrat sur le baril de WTI pour livraison en mai va bientôt expirer, signifiant que ceux qui en détiennent doivent trouver des acheteurs physiques. Mais les stocks ont déjà énormément gonflé aux États-Unis ces dernières semaines et ils doivent brader leurs prix. La pression sur les prix sur cette échéance est donc très forte et ne profite pas des anticipations positives de rebond de l’économie américaine avec la fin du confinement », soulignait ce matin le cabinet Aurel BGC, cité par la même source.

« Les États-Unis, en tant que marché enclavé, ont les plus importants problèmes de stockage », explique Jasper Lawler, analyste pour London Capital Group, cité par l’AFP. « La demande est tellement inférieure à l’offre que les réserves pourraient déjà avoir atteint 70 % à 80 % de leurs capacités », a-t-il ajouté.

La situation devrait toutefois s’améliorer dans les jours à venir, estiment plusieurs analystes, cités ce lundi soir par l’agence AFP. « Il est un peu trompeur de se focaliser sur le contrat de mai », souligne ainsi Matt Smith, expert du marché pétrolier pour ClipperData. « Il y a beaucoup plus d’échanges sur le baril pour livraison en juin ».

Un optimisme que ne partagent pas tous les experts. « Pour l’instant, nous ne voyons aucun soulagement à court terme pour ce marché pétrolier (…) nous sommes inquiets sur les perspectives du pétrole à court terme », a déclaré ce lundi Helima Croft, responsable mondiale de la stratégie des matières premières chez RBC Capital sur la chaîne CNBC.

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