Économie

Pétrole : le Brent en chute libre

Les cours du pétrole sont en chute libre depuis deux semaines. De 86 dollars le 6 mars, le baril de Brent est coté ce lundi 20 mars à 70 dollars.

C’est son plus bas niveau depuis 15 mois. C’est 15 dollars de moins que son cours du début de l’année et 32 dollars perdus sur la moyenne de cotation de l’année 2022 (102 dollars le baril).

Par rapport au pic qui a suivi le déclenchement de la guerre en Ukraine (plus de 140 dollars) le 24 février 2020, le pétrole a perdu la moitié de sa valeur.

Le scénario actuel déjoue toutes les prévisions. En décembre dernier, alors que les cours tournaient autour de 80 dollars le baril, ce qui constituait déjà un net recul par rapport à la moyenne annuelle, les cabinets spécialisés étaient unanimes quant à une remontée spectaculaire en 2023.

La banque suisse UBS avait tablé sur un baril à 110 dollars dès le mois de mars en cours. Pour l’ensemble de l’année 2023, tous les analystes s’étaient accordés à prévoir une moyenne oscillant entre 110 et 115 dollars, mettant en avant la reprise de l’économie chinoise et la fin des confinements dans ce pays, la baisse des stocks ou encore les répercussions des mesures européennes contre le pétrole russe.

Mais personne n’a vu venir le vent de panique actuel dans le secteur bancaire, qui semble être un des facteurs du recul des cours pétroliers.

Les experts parlent néanmoins d’une mauvaise passe passagère, considérant que le prix de 67 dollars le baril est le plancher à partir duquel les cours devraient remonter.

Aux États-Unis, le gouvernement a annoncé qu’il achètera du pétrole pour remplir les réserves si les cours baissent au-dessous de 67 dollars.

Pour l’économie algérienne, la chute libre actuelle est une mauvaise nouvelle. Elle survient au moment où la Banque d’Algérie a fait état d’une nette amélioration des indicateurs macro-économiques en 2022 grâce à l’embellie des cours de pétrole pendant la même année.

Dans sa dernière note de conjoncture sur les 9 premiers mois de 2022, la BA a relevé un excédent de la balance commerciale de plus de 18 milliards de dollars malgré une légère hausse des importations de biens.

Pétrole : chute des cours et production algérienne en berne

La Banque d’Algérie a aussi fait état d’une hausse des réserves de change à 52 milliards de dollars en septembre 2022. Dans une autre note de précision, la Banque d’Algérie a indiqué que les réserves ont encore augmenté en 2023, se situant désormais à plus de 64 milliards de dollars.

La Banque d’Algérie le dit clairement dans sa note : ces performances de l’économie algérienne sont dues à la hausse des prix du pétrole de 72 dollars le baril de moyenne pendant les 9 premiers mois de 2021 à 109 dollars dans la même période de 2022. Les prix du gaz ont plus que doublé (de 5,2 à 11,5 dollars le million de BTU).

La valeur des exportations algériennes des hydrocarbures ont presque doublé pendant la même période (de 24,10 à 42,58 milliards de dollars).

Un éventuel retour aux niveaux de recettes de 2021 signifierait pour l’économie algérienne le retour au déficit de la balance commerciale, aux déséquilibres abyssaux du budget et l’érosion des réserves de change.

Si la tendance baissière actuelle se maintient, l’économie algérienne devra subir le double effet de cette perte de revenus et de la stagnation de sa production pétrolière.

Dans la même note de la Banque d’Algérie, il a été fait état d’un taux de croissance de 2,8 %, porté par les secteurs de l’industrie (5,1 %) et de l’agriculture (4,5 %).

L’unique secteur qui a enregistré une croissance négative pendant les neuf premiers mois de 2022 est celui des hydrocarbures (-1,5 %).

Le déclin de la production algérienne était estimé en 2021 à 25 % sur 15 ans (par rapport à 2007).

Améliorer l’attractivité du secteur pour relancer la production est le principal objectif assigné à la loi sur les hydrocarbures adoptée fin 2019. En février 2022, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a annoncé un programme d’investissement de 39 milliards de dollars dans le secteur énergétique sur 4 ans.

En décembre dernier, il a exprimé l’ambition de doubler les exportations de gaz de l’Algérie (environ 50 milliards de mètres cubes actuellement), ce qui passe nécessairement par une augmentation substantielle de la production.

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