Économie

Pétrole : l’Opep réduit la production et fâche Washington

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses alliés ont décidé mercredi à Vienne de réduire fortement leur production de deux millions de barils par jour, malgré les pressions américaines pour une hausse.

Cette réduction, qui est la plus importante depuis la pandémie de Covid-19 survient dans un contexte de guerre en Ukraine et d’incertitudes pour le marché pétrolier, en raison des craintes de récession mondiale, le resserrement de la politique monétaire des Etats-Unis et l’appréciation du dollar, rapporte l’agence Reuters.

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Cette réduction de la production de deux millions de barils pourrait faire remonter les cours alors que les Etats-Unis ont fait pression pour une hausse du pompage, expliquant que les fondamentaux économiques ne permettaient pas une diminution de l’offre, a ajouté Reuters, citant une source proche du dossier.

L’Opep dans le collimateur de Washington

Les Etats-Unis ont tenté d’obtenir des pays producteurs réunis au sein de l’Opep+ qui comprend l’Opep et la Russie, afin de priver Moscou de revenus supplémentaires que leur rapporterait une hausse des cours de l’or noir, dans un contexte de guerre en Ukraine.

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Mais pour les pays producteurs de pétrole, les préoccupations sont davantage liées à la volatilité des prix qu’aux conséquences d’une hausse des cours sur le déroulement de la guerre en Ukraine. « La décision est technique, pas politique », a déclaré le ministre émirati de l’Energie, Suhail al-Mazroui, avant le début de la réunion de l’Opep.

Preuve de la sensibilité du sujet russe, le ministre saoudien du pétrole, le prince Abdel Aziz ben Salmane, a refusé de répondre à une question d’un journaliste Reuters lors d’une conférence de presse mercredi en reprochant à cette agence de manquer de sérieux. « Vous avez parlé d’un complot entre Russie et l’Arabie saoudite sur les prix du pétrole, ce qui n’est pas vrai », lui a-t-il reproché.

La décision de l’Opep+ de réduire fortement la production a fâché Washington. Le président américain Joe Biden a exprimé sa déception d’une « décision à courte vue » des pays producteurs alors que la Maison-Blanche a accusé le cartel pétrolier de s’aligner avec la Russie, deuxième plus grand producteur de brut au monde, après l’Arabie saoudite.

Pour le moment, la décision de l’Opep et de ses alliés n’a pas provoqué une hausse conséquente des cours du pétrole. Le baril de Brent de la mer du Nord a terminé la séance de mercredi avec une légère hausse d’un peu plus de 2 % à 93,21 dollars, pour le troisième jour consécutif, avant de reculer légèrement ce jeudi, tout en restant au-dessous de la barre des 100 dollars.

Mais les marchés anticipent une hausse des cours pétroliers après la décision de l’Opep+, ce qui serait une aubaine pour les pays exportateurs, dont l’Algérie, dont la balance commerciale va passer dans le vert cette année pour la première fois depuis des années, grâce à la remontée des prix du pétrole qui ont suivi le déclenchement en février dernier de la guerre en Ukraine.

Alors que ses réserves de change baissaient d’année en année en raison de la crise du marché pétrolier avec des prix qui avaient fortement baissé au début de la pandémie de Covid-19, l’Algérie devrait réaliser un excédent commercial de 17 milliards de dollars en 2022 contre un excédent de plus d’un milliard de dollars en 2021, -10,6 milliards en 2020, -5,75 milliards de dollars en 2019 et -3,88 milliards de dollars en 2018.

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