search-form-close
Planche à billets : « Le gouvernement a opté pour la solution de facilité »

Planche à billets : « Le gouvernement a opté pour la solution de facilité »

Le Conseil des ministres a adopté, mercredi 6 septembre, un projet de loi portant amendement de la Loi sur la monnaie et le crédit (LMC), « pour introduire le financement non conventionnel au profit du Trésor public ».

Une fois l’étape de la révision de la LMC franchie -ce qui ne devrait être qu’une formalité dès la semaine prochaine-, la Banque d’Algérie pourra prêter directement au Trésor public, via des achats d’obligations dès leur émission, afin d’éponger le déficit budgétaire. « Le financement non conventionnel signifie la mise en marche de la planche à billets », explique un économiste, qui anticipe des conséquences néfastes de ce mode de financement pour l’économie nationale.

| LIRE AUSSI : Option planche à billets : comment en est-on arrivé là ?

Dans son plan d’action, approuvé en conseil des ministres, le premier ministre Ahmed Ouyahia a avoué effet que l’État n’a plus d’épargne interne pour faire face à ses dépenses. Samedi, le même Ouyahia annonçait, enthousiaste : « Avec la révision de la Loi sur la monnaie et le crédit, le problème financier est derrière nous maintenant ».

Le recours à la planche à billets va permettre de solutionner un problème momentané de trésorerie pour l’État, elle risque d’aggraver la situation économique déjà fragilisée par la baisse des prix des hydrocarbures.

« La Banque d’Algérie va créer de la monnaie. La masse monétaire va augmenter. Les Algériens vont se retrouver avec beaucoup de dinars, et très peu de marchandises à acheter. Parce que le gouvernement a bloqué les importations et notre économie ne produit rien. Ils vont essayer de mettre leur argent dans des biens durables comme l’immobilier, ce qui va engendrer une hausse vertigineuse des prix. Les prix de tous les produits vont connaitre d’importantes hausses », prévient l’économiste.

« Les premiers effets néfastes vont commencer à apparaître en 2018, mais c’est dans deux ou trois ans que la situation va s’aggraver. Il faut s’attendre à une inflation forte avec des conséquences difficiles sur le quotidien des gens », anticipe-t-il.

| LIRE AUSSI : Qu’est-ce que la planche à billets et quels sont ses risques ?

Pour lui, la solution de la planche à billets n’est pas « adaptée » à l’Algérie, en raison des retards considérables de son économie, trop dépendante du pétrole et des importations. « En économie de laboratoire, on peut dire ce qu’on veut », critique-t-il, en rappelant que les conditions d’échec de ce mode de financement sont réunies. « Il y a deux conditions préalables pour l’introduction du financement non conventionnel : l’existence d’un marché secondaire dynamique et des réformes structurelles. Ces deux conditions ne sont pas réunies. Nous n’avons pas de marché secondaire et le gouvernement n’a aucune intention de lancer des réformes structurelles », développe-t-il.

Pour lui, « le gouvernement a opté pour la solution de facilité ». Au lieu d’aller chercher l’argent là où il se trouve, notamment dans l’économie parallèle, il a décidé de faire payer les citoyens. « La planche à billets va appauvrir les simples citoyens et enrichir les barons de l’informel », dénonce-t-il, en ironisant sur l’argument officiel sur le recours au financement non conventionnel par des pays développés comme les États-Unis.

« Ces pays ont des monnaies de réserve. Leurs économies sont complètement différentes de la nôtre. Lorsqu’ils actionnent la planche à billets, c’est pour stimuler la consommation et relancer leur économie. Parfois, ils le font pour des objectifs beaucoup plus compliqués ».

| LIRE AUSSI : Ouyahia s’engage à ne pas modifier la loi sur l’investissement

  • Les derniers articles

close