Dans le sillage de la guerre en Ukraine et de sa volonté de réduire sa dépendance vis-à-vis des hydrocarbures russes, l’Europe veut plus de gaz algérien, mais l’Algérie a ses contraintes et ses conditions.
De son côté, l’Algérie souhaite optimiser ses revenus par des prix conformes à ceux du marché et des contrats de long terme qui sécurisent la demande. Elle veut aussi et surtout attirer plus d’investissements étrangers pour développer sa production.
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L’exigence vient d’être réitérée par le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, dans une interview accordée au magazine MEES, spécialisé dans les études du marché énergétique du Moyen-Orient.
« Sonatrach entend continuer à développer son potentiel gazier, afin de fournir des volumes supplémentaires aux marchés nationaux et internationaux, notamment le marché européen », rappelle d’emblée M. Hakkar.
Dans la limite des capacités de production et de transport disponibles, des contrats de livraison de quantités supplémentaires ont été signés l’année passée, notamment avec l’Italie.
De nombreux projets sont en outre en cours de réalisation pour augmenter davantage la production. A la mi-décembre, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a émis le souhait d’augmenter sensiblement la production de gaz en 2023 pour porter les quantités de gaz destinées à l’exportation à 100 milliards de mètres cubes, soit le double des volumes exportés actuellement.
Dans son interview à MEES, M. Hakkar a insisté d’abord sur la sécurisation de la demande. « Si Sonatrach comprend que la sécurité et la diversification de l’approvisionnement sont des problèmes clés pour les pays européens, ceux-ci doivent également s’engager dans des accords d’achat à long terme afin de garantir la sécurité de la demande pour leurs principaux fournisseurs », déclare-t-il.
« L’Algérie, à travers un important programme d’investissement, s’engage à assurer à ses partenaires un approvisionnement stable, durable et fiable en gaz naturel tant que la demande de gaz restera forte. Comme vous le savez, l’industrie du gaz est très capitalistique », a développé le PDG du géant gazier algérien Sonatrach.
Gaz : « L’Algérie a tenu ses engagements »
Dans un entretien accordé en juin dernier au journal allemand Der Spiegel, le ministre de l’Energie Mohamed Arkab avait clairement conditionné l’augmentation des livraisons par la hausse des investissements. « Nous espérons que les Européens ne changeront pas de cap et ne nous laisseront pas seuls avec les investissements », avait-il dit.
Pour attirer plus d’investissements, l’Algérie a promulgué fin 2019 une nouvelle loi sur les hydrocarbures, qualifiée de favorable au capitale étranger.
Concernant les engagements d’augmentation des flux pris l’année passée, ils ont été « pleinement tenus », assure Toufik Hakkar, qui ajoute que Sonatrach s’en tient au plan d’investissement de 40 milliards de dollars sur quatre ans, dont 30 milliards seront consacrés à l’exploration et la production, précise-t-il.
Le plan vise à « augmenter la production à court et moyen termes et de préparer un portefeuille de projets futurs, notamment pour le gaz naturel », explique le patron du groupe pétrolier algérien.
Selon le PDG de Sonatrach, les investisseurs étrangers sont intéressés par le potentiel algérien et des discussions sont en cours sur de nouveaux projets d’exploration et de développement dans le gaz et le pétrole.
Plusieurs projets devraient être mis en service dans les deux prochaines années, annonce-t-il.
Outre les investissements dans l’exploration et la production, il est aussi prévu d’investir 7 milliards de dollars en aval, et un milliard de dollars dans les efforts de décarbonation, dans le photovoltaïque et l’hydrogène vert, détaille le PDG de Sonatrach.