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Pourquoi Bruno Retailleau a boycotté l’iftar de la Grande mosquée de Paris

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a boycotté l’Iftar de la Grande mosquée de Paris mardi, invoquant la laïcité. Un argument qui ne passe pas.

Pourquoi Bruno Retailleau a boycotté l’iftar de la Grande mosquée de Paris
Source : Facebook Bruno Retailleau
Thinhinane Lardjane
Durée de lecture 3 minutes de lecture
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Le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau a, sans surprise, boudé l’Iftar des ambassadeurs organisé mardi 18 mars par la Grande mosquée de Paris (GMP). L’entourage de Bruno Retailleau a avancé un prétexte qui ne tient pas la route.

Au vu des évènements de ces derniers mois, c’est le contraire qui aurait étonné. Retailleau est aux avants lignes de la gestion de la crise entre la France et l’Algérie, et il n’a pas épargné l’institution présidée par le Franco-Algérien Chems-Eddine Hafiz auquel le courant extrémiste reproche ses liens avec son pays d’origine.

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Retailleau et la Grande mosquée de Paris : une relation compliquée

La présence de hauts officiels français aux iftars des institutions musulmanes est une tradition qui a toujours été respectée. En 2017, c’est le président Emmanuel Macron, alors fraîchement élu, qui est allé partager la rupture du jeûne avec le Conseil français du culte musulman (CFCM).

La Grande mosquée de Paris a institué son Iftar des ambassadeurs en 2022. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, y est toujours allé, invité en sa qualité de ministre qui est aussi en charge du culte.

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C’est à ce titre que Retailleau a été invité par Chems-Eddine Hafiz malgré ses attaques contre l’institution, notamment lors de la polémique sur la certification Halal pour le compte de l’Algérie. En janvier dernier, la Grande mosquée de Paris a été accusée d’avoir mis en place « un juteux système financier ».

« J’ai demandé à mes services de voir, d’examiner les conditions sur lesquelles cette taxe avait été instaurée », a déclaré le ministre de l’Intérieur, ajoutant qu’ « une mosquée est un lieu de culte, ce n’est pas une ambassade ».

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Droit dans ses bottes, Bruno Retailleau a rompu l’habitude de son prédécesseur et a décliné l’invitation que lui a été envoyée. Mardi, c’est son collègue des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot qui a représenté le gouvernement français à l’Iftar des ambassadeurs de la Grande mosquée de Paris.

« Pour la quatrième année consécutive, la Grande Mosquée de Paris accueillait de nombreux ambassadeurs des pays musulmans pour un iftar, en présence de Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères », a écrit l’institution religieuse sur X, partageant les photo de ce dîner qui a réuni une trentaine d’ambassadeurs de pays musulmans, des représentants des autres cultes et de nombreux invités.

Absence de Retailleau au dîner de la GMP : un choix politique

Dans le contexte actuel de crise avec l’Algérie, l’absence du ministre de l’Intérieur n’est évidemment pas passée inaperçue et a été très commentée.

Néanmoins, son entourage a tenté de faire croire que la politique n’a rien à voir dans sa décision. L’un de ses proches a expliqué à France Info que Bruno Retailleau ne pouvait pas, au nom de la laïcité, aller à un dîner qui est « connoté religieusement ».

L’entourage du ministre ajoute, selon le même média, qu’il y a une différence entre « ce qui relève du rite religieux, et ce qui relève de l’institutionnel, comme l’inauguration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, ou les dîners du Crif », assurant qu’au nom de ce principe, il n’irait pas par exemple « à la messe du vendredi Saint ».

Un argument qui ne tient pas puisqu’il est arrivé à Bruno Retailleau de prendre part à des événements « connotés religieusement ». France Info a répertorié au moins un ces derniers mois : en décembre 2024, il a assisté à la messe du Pape à Ajaccio. Retailleau est connu pour être un catholique pratiquant.

La véritable raison du non-déplacement du ministre de l’Intérieur à la mosquée de Paris est ailleurs et elle n’échappe à personne en France. Son choix est éminemment politique. « Il cherche à prendre de court tout le monde, il s’invente une lignée plus laïque que les laïcs eux-mêmes », tranche le politologue Franck Frégosi dans des déclarations à l’AFP.

Le chercheur assure du reste qu’il n’y a rien d’attentatoire à la laïcité dans l’événement de la Grande mosquée de Paris puisqu’il ne s’agit pas d’une prière, mais seulement d’un dîner convivial.

« Une démonstration de la laïcité à géométrie variable », accuse pour sa part le Huffington Post, évoquant une « excuse bancale ».

Le HuffPost cite le même politologue qui rappelle que « la Grande mosquée de Paris fait les frais de la détérioration des relations franco-algériennes ».

Toute l’agitation actuelle de Bruno Retailleau est, en fait, liée à son agenda politique et à son ambition, -dans un premier temps- de devenir le patron des Républicains. S’afficher à un dîner d’une institution musulmane, ayant de surcroît des liens avec l’Algérie, risque de le desservir auprès de l’électorat extrémiste.

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