
L’Algérie a adopté une nouvelle loi sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme qui interdit les cryptomonnaies. Pourquoi une telle décision ? L’économiste Brahim Guendouzi répond à cette question.
L’article 6bis de cette nouvelle loi qui a été publiée au Journal officiel interdit l’émission, l’achat, la vente, l’utilisation des “actifs virtuels ou de les détenir, d’en faire le commerce, de les promouvoir ou de créer ou d’exploiter des plates-formes d’échange de ces actifs qui constituent des biens, des produits, des fonds ou d’autres actifs, ou toute autre valeur équivalente : comme moyen de paiement ou monnaie reconnue ; comme instrument d’investissement”.
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La loi interdit aussi les activités liées au “minage de cryptomonnaie” et puni ce qui enfreignent ces dispositions d’un “emprisonnement de deux mois à un an et d’une amende de 200.000 DA à 1.000.000 DA ou de l’une de ces deux peines. ». L’Algérie rejoint ainsi le club des pays qui ont banni les cryptomonnaies.
« La dématérialisation progressive de la monnaie, adossée à l’avènement d’internet et des technologies du web, ouvre aujourd’hui de nouvelles perspectives. Le bitcoin, l’éther, l’altcoin et de nombreux autres actifs numériques ont vu le jour en ce XXIe siècle », explique d’emblée Brahim Guendouzi, professeur d’économie à l’université de Tizi-Ouzou.
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Les cryptomonnaies, c’est quoi ?
Les crypto-monnaies sont des « monnaies privées, sans cours légal, sans aucun adossement physique ou financier et totalement virtuelles. Elles se créent et circulent indépendamment de toute banque et sont détachées de tout compte bancaire », ajoute-tt-il.
Les cryptomanies « n’ont pas de statut juridique clair à l’échelle internationale puisque représentant des actifs virtuels stockés sur un support électronique permettant à une communauté d’utilisateurs, les acceptant en paiement, de réaliser des transactions sans avoir à recourir à la monnaie légale », poursuit l’économiste.
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Brahim Guendouzi précise que l’une des principales caractéristiques des crypto-monnaies est la « décentralisation rendue possible par la technologie des blockchains, au lieu d’être contrôlées par une autorité centrale (Banque centrale ou gouvernement) dès lors qu’elles sont régies par un consensus entre les participants aux réseaux. »
Le développement des cryptomonnaies en « dehors de tout cadre national et l’anonymat qui entoure leurs échanges, sont souvent présentés comme une de leurs limites principales, ouvrant une porte ouverte à la fraude et à l’évasion fiscale ainsi qu’au blanchiment d’argent », détaille-t-il encore.
Interdiction des cryptomonnaies en Algérie : les rexplications d’un économiste
Pour l’Algérie, et à « défaut de pouvoir réguler » les cryptomonnaies, elle a « opté carrément pour leur interdiction » à l’occasion de la révision de la loi n°25-10 relative à la prévention et à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, explique le professeur en économie à l’université de Tizi-Ouzou, en indiquant que « c’est à travers l’article 6 bis, qui en est la référence concernant cette interdiction, incluant aussi les activités liées au minage de cryptomonnaies ».
En plus de la difficulté de les contrôler, Brahim Guendouzi donne deux autres raisons qui ont poussé l’Algérie à interdire les cryptomonnaies.0
« Les principales raisons implicites à cette interdiction stricte sont liées en premier lieu à la lutte contre le blanchiment d’argent puisque les cryptomonnaies sont souvent utilisées dans des transactions anonymes, ce qui complique la traçabilité des flux financiers. En second lieu, il y a une crainte réelle que ces actifs numériques servent à financer des activités illicites. De façon plus large, la dimension de la cybersécurité est à intégrer dans cette nouvelle disposition juridique relative aux cryptomonnaies ».