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Première manif’ pendant Ramadan : les étudiants maintiennent la pression

Première manif’ pendant Ramadan : les étudiants maintiennent la pression

Ni le jeûne, ni la température avoisinant les 26°C n’ont calmé les ardeurs. Ce mardi à Alger, dès dix heures du matin, des milliers d’étudiants sont à nouveau descendus dans la rue pour exprimer leur rejet du système.

« On est là pour continuer à maintenir la pression. Aujourd’hui, c’est un peu exceptionnel parce que c’est le Ramadan donc il fallait prouver qu’on n’allait pas se décourager pour autant, explique un doctorant à l’Université des Sciences et de la Technologie Houari Boumediene (USTHB).

« Ramadan ? Ce ne sera jamais un obstacle, rappelle une étudiante en cinquième année de pharmacie. On manifestera chaque mardi et chaque vendredi, Inchallah. »

Du côté de la Grande Poste, devenue l’endroit privilégié des manifestants depuis le 22 février, la force du nombre fait céder le cordon de sécurité déployé par les forces de l’ordre.

Sur les marches, des manifestants demandent à « libérer l’Algérie », clament le pacifisme (« Silmiya, silmiya »), exigent une élection présidentielle transparente, et scandent des slogans hostiles…

Une mobilisation qui suscite l’admiration des plus anciens. « Allah ibarek, s’exclame un homme de 66 ans. Ils ont le courage de manifester alors que c’est le mois du ramadan. C’est une jeunesse miracle ! Elle a porté tout le Hirak ! »

Chapeau de paille sur la tête, Abdelhak étudiant à l’USTHB en Sciences de la terre et de l’univers, préfère lui parler de « révolution citoyenne ». Le jeune homme dénonce un « coup d’état constitutionnalisé » et réclame un état de droit où « les compétences de chacun seront mises en valeur ». Sur sa veste, un badge à l’effigie de feu Hocine Aït Ahmed.

« Je le soutiens en tant que personne. S’il avait été là il aurait été l’homme le plus convenable pour mener la transition », assure-t-il.

Au-delà de leur rejet du système, les étudiants dénoncent aussi leurs conditions de vie, pointant l’absence de perspectives dans un pays qui les a vus grandir.

« On manque de matériel, de respect aussi », dénonce Safa, en deuxième année de médecine. « L’étudiant fait des études puis, quand il est diplômé, il ne trouve pas de boulot. C’est juste de l’encre sur du papier, pointe une étudiante en agronomie. Pourquoi former des médecins s’il n’y a pas d’hôpitaux pour les accueillir ? Pourquoi former des pharmaciens alors qu’ils n’ont pas le droit d’ouvrir des officines ? Pourquoi former des gens s’ils n’ont pas d’avenir ? Notre système éducatif est pourri du primaire au bac à l’université… »

« En Algérie, il y a trop de m3arifa (de piston), déplore un étudiant en deuxième année de géologie. Alors c’est pour ça qu’on continuera à sortir ».


 


 


 

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