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Présidentielle : le projet de report enterré, vraiment ?

Présidentielle : le projet de report enterré, vraiment ?

C’est avec lui que tout a commencé, c’est encore lui qui tente un début d’explication à l’abandon par le pouvoir de l’option du report de la présidentielle et du prolongement du mandat actuel du chef de l’État.

On ne sait si Abderrazak Makri est dans le secret des dieux ou s’il livre simplement une analyse en fonction des éléments disponibles, mais voilà comment il résume les raisons de l’échec de son initiative de « consensus national » : le pouvoir a reculé faute de quitus de l’opposition.

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Dans un entretien au quotidien Liberté paru ce jeudi 3 janvier, le président du MSP accuse son ancien compagnon Amar Ghoul d’avoir attisé la méfiance de l’opposition en court-circuitant la proposition initiale. À lire les explications de M. Makri, on comprend mieux ce qui s’est passé durant le dernier mois de l’année qui vient de s’écouler, même si, sur plusieurs points, le chef du MSP ne fait que répéter ce qu’il avait dit au moment où il lançait son initiative, à savoir que les conditions n’étaient pas réunies pour une élection libre, que le pouvoir est dans une position qui le contraint à faire des concessions…

Là où il est en revanche difficile de suivre le leader du MSP, c’est lorsqu’il avance avec beaucoup d’assurance que le régime préparait son départ et que, lui, voulait par son initiative l’aider à partir.

« Oui. Ils étaient en train de préparer leur sortie. Celui qui vous dit qu’on veut prolonger le mandat pour une année, vous croyez que c’est pour qu’il reste ? Évidemment, non. Le clan présidentiel voulait préparer sa sortie. Aider le système à sortir, c’était aussi l’esprit de la plateforme de Mazafran. Et l’idée du report de la présidentielle a été inspirée de cette même plateforme ».

Comprendre : le système en place avait conclu qu’il était temps de plier bagages avant de changer subitement d’avis, comme le ferait un maire en fin de mandat ou un fonctionnaire à l’orée de la retraite.

Passons cette légèreté et voyons ce que révèle Abderrazak Makri sur les péripéties de ces dernières semaines et le rôle « néfaste » prêté à Amar Ghoul dans l’échec du projet. L’opposition a d’abord accepté le principe, exigeant seulement un appel officiel de la présidence, mais « ensuite, il y a eu cette histoire de conférence nationale qui a court-circuité notre initiative et qui a alimenté davantage la peur de l’opposition, laquelle est revenue en arrière ». Nul besoin de préciser que « la Présidence n’a rien fait pour convaincre l’opposition ».

Quoi qu’il en soit, des propos de M. Makri il en ressort que le projet est définitivement enterré et que dans les hautes sphères, on est passé à autre chose. Dans l’épais brouillard qui enveloppe la scène politique depuis quelques semaines, c’est plus qu’une éclaircie, même si dans les faits rien ne valide un tel changement pour l’instant : les partis de l’Alliance présidentielle restent toujours silencieux et l’élection présidentielle n’est évoquée ni par les officiels ni par les médias publics. À trois mois du scrutin, une telle discrétion sur le sujet doit inciter à la prudence, malgré les affirmations de Makri sur la « côte du cinquième mandat qui monte dans la Bourse des options du système ».

Si toutefois le scrutin d’avril prochain est maintenu, conformément à la Constitution et au calendrier électoral – ce qui devrait se confirmer officiellement dans trois semaines au plus tard avec la convocation du corps électoral-, rien ne permet en revanche de répondre à la grosse interrogation qui taraude l’opinion : le président Bouteflika briguera-t-il ou non un cinquième mandat ?

La réponse peut paraitre évidente au vu de l’intention de tout temps prêtée au chef de l’État de mourir sur le fauteuil présidentiel, mais les choses pourraient s’avérer plus compliquées.

À juste titre, Abderrazak Makri souligne que « le président est très malade et sa santé s’est davantage dégradée par rapport à 2014 ». Rien jusque-là ne permet de prophétiser sur un changement à la tête de l’État en avril prochain, mais si telle serait la volonté de Abdelaziz Bouteflika, le plus dur ne fera que commencer pour le système : se mettre d’accord sur un successeur.

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