Consommation

Prix des véhicules en Algérie : « Il faut s’attendre à des hausses considérables »

Dans cet entretien, le président de l’Apoce, Mustapha Zebdi, déplore le peu d’alternatives qui s’offrent au consommateur algérien pour acquérir un véhicule. Il anticipe une hausse considérable des prix des voitures

L’importation des véhicules de moins 3 ans est gelée jusqu’à nouvel ordre et les véhicules neufs ne sont pas disponibles. Quel est l’impact de cette situation sur le citoyen, le marché et les prix des véhicules ?

L’impact est direct. Il n’y a pas de disponibilités des véhicules et les clients qui ont passé des commandes l’année passée ne voient toujours pas leurs véhicules arriver. Le véhicule est un produit qui manque sur le marché et qui est trop demandé. Il y a lieu de satisfaire cette demande. Nous n’avons ni usines de montage qui fabriquent, ni d’importation de véhicules neufs jusqu’à la mise en place du nouveau cahier de charges. Ce qui signifie que le premier impact réside dans la non satisfaction d’un droit universel et un besoin élémentaire pour le consommateur, en l’occurrence pouvoir disposer de son propre véhicule.

Certains n’approuvent pas que nous parlions du véhicule comme un besoin élémentaire; pour eux, le véhicule est un luxe. Pour nous, à l’Apoce, le véhicule en Algérie est une nécessité, voire une obligation. Il le restera jusqu’à ce qu’on ait un système de transport public performant et généralisé, qui sera à la hauteur des attentes des citoyens.

L’autre impact réside dans la hausse des prix. On est en train de constater que les véhicules d’occasion au niveau des marchés hebdomadaires connaissent une hausse très importante des prix. Si la situation reste en l’état, il faudra s’attendre à d’autres hausses considérables, d’autant qu’aucun délai n’est fixé quant à la disponibilité des véhicules, qu’ils soient d’occasion, neufs importés ou assemblés localement.

Dans ce cas-là, quelle alternative pour le consommateur algérien ?

Pour nous en tant qu’Apoce, les véhicules de moins de 3 ans constituent une alternative. Depuis des années, nous appelons à importer les véhicules de moins 3 ans. Nous avons bien vu comment il y a eu une hausse des prix des véhicules assemblés en Algérie. Il y a eu une écoute par rapport à notre appel, puisqu’un cahier des charges pour l’importation des véhicules de moins 3 ans a été élaboré. Nous avons, certes, émis quelques réserves mais au moins ça avait le mérite d’une alternative. Nous avons quelques propositions que nous souhaitons exposer au ministre de l’Industrie. Une demande d’audience a d’ailleurs été introduite dans ce sens, et nous attendons la suite qui sera donnée à notre requête. C’est bien de geler l’application des lois, mais il faut aussi penser à donner des alternatives au consommateur algérien qui se trouve sanctionné.

Pour le moment, le ministère de l’Industrie n’a fait aucune proposition. Pensons aux simples citoyens qui habitent dans les périphéries des grandes villes et où le transport public s’arrête à 17h.

Quelles sont les pistes que vous comptez exposer au ministre ?     

Par exemple, on peut permettre aux membres de la communauté algérienne établie à l’étranger d’introduire des véhicules d’occasion qu’ils vendront ici en Algérie. Il n’y aura pas de change de la devise au Square Port-Saïd puisque le véhicule sera vendu en monnaie nationale. On peut même prévoir un seuil pour le nombre de véhicules à introduire. De cette façon, des dizaines de milliers de véhicules seront mis sur le marché algérien.

Autre alternative : permettre à des concessionnaires ou à des entreprises qui vont conclure des transactions avec des entreprises étrangères pour importer des quotas de véhicules d’occasion et les vendre sur le marché algérien sous garantie.

Selon vous, pourquoi tous ces blocages autour du véhicule d’occasion ?

Il y a certains cercles qui veulent monopoliser la vente de véhicules en Algérie. Ils ne veulent pas que le citoyen algérien soit libre dans ses achats et dans ses choix. Je regrette que des opérateurs agitent l’épouvantail du marché noir de la devise. Le marché des véhicules d’occasion n’est qu’une goutte par rapport à ce qui est en train de se faire comme échanges sur le marché informel.

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