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Procès de Saâd Djabelkheir : le parquet requiert « l’application de la loi »

Procès de Saâd Djabelkheir : le parquet requiert « l’application de la loi »

Un procès d’un genre nouveau s’est tenu ce jeudi 1er avril au tribunal de Sidi M’hamed (Alger). C’est peut-être la première fois en Algérie qu’un chercheur universitaire est jugé pour des déclarations publiques en relation avec le contenu de ses travaux.

Il s’agit de Saâd Djabelkheir, l’islamologue qui s’est distingué ces derniers mois par des déclarations que certains ont jugées blasphématoire et attentatoires à l’Islam. C’est d’ailleurs un post sur les réseaux sociaux qui lui a valu un dépôt de plainte par un militant islamiste, lui aussi universitaire, répondant au nom de Boubedjra Abderrazak.

Dans le post controversé, le chercheur avait relevé les origines païennes de certains rituels du pèlerinage musulman à la Mecque, en se référant à des passages du Coran et des textes de la Tradition musulmane.

Depuis le dépôt de la plainte en février dernier, Djabelkheir n’a pas cessé de clamer son incompréhension, multipliant les passages sur les médias pour expliquer qu’un tel débat ne peut pas se tenir dans l’enceinte d’un tribunal et ne devrait pas sortir des amphithéâtres des universités.

N’empêche, la justice a accepté la plainte et un procès a été programmé une première fois le 25 février avant d’être reporté à ce jeudi 1er avril. De nombreux avocats, une quinzaine au total, se sont constitués pour défendre l’islamologue.

La LADDH appelle à l’abrogation d’un article du Code pénal

Les présents n’ont pas assisté à un débat sur un acte délictuel, mais sur le fond de l’idée avancée par l’accusé, avec force arguments académiques et religieux. Ce qui a fait dire à la présidente de l’audience qu’on se croirait sur un plateau de télévision et non dans un tribunal.

Ce qui conforte ceux qui, dès le début, ont dénoncé la tenue d’un tel procès, qualifié de précédent grave remettant en cause la liberté de penser. Dans son réquisitoire, le procureur s’est contenté de demander l’application de la loi. Le verdict attendu pour le 22 avril.

Dans la matinée, la Ligue algérienne des droits de l’Homme a rendu public un communiqué dans lequel elle a réitéré son soutien au chercheur et dénoncé un procès qui « déplace un débat qui devait avoir lieu dans les enceintes des amphithéâtres universitaires, non dans les salles d’audience des tribunaux qui ne doivent en aucun cas se transformer en tribunaux d’inquisition ».

La LADDH rappelle qu’elle a défendu, « les chrétiens, les non-jeûneurs, les Ahmadites, les activistes du Hirak dont Mebarki Yacine, Bouraoui Amira et aujourd’hui Said Djabelkhir tous poursuivis sous le même chef d’inculpation offense à l’islam, article 144 bis 2 du code pénal ».

Elle appelle à l’occasion à « l’amendement de cet article pour éviter toute interprétation abusive par les forces de sécurité ou le parquet et attenter à chaque fois aux libertés des citoyens, de conscience, de croyance, d’opinion, de culte et de liberté religieuse »

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