Économie

Production d’hydrocarbures : quand le FMI contredit Sonatrach

Dans sa dernière publication à propos de l’Algérie rendue publique, vendredi 2 juin, le FMI évoque « une baisse de la production d’hydrocarbures qui a pesé sur la croissance du PIB réel ». Selon l’institution de Washington, qui se réfère au rapport finalisé en avril dernier dans le cadre des consultations régulières avec les autorités algériennes, « la croissance du PIB réel a fortement ralenti l’année dernière, en raison principalement d’une contraction de la production d’hydrocarbures, même si la croissance du secteur hors hydrocarbures est restée stable ».

Ces commentaires s’appuient sur des chiffres précis qui indiquent que la croissance du PIB réel a ralenti à 1,6% en 2017 contre 3,3% en 2016, en raison principalement d’une contraction de la production d’hydrocarbures. Le secteur hors hydrocarbures a enregistré une hausse à 2,6% en 2017 contre 2,3% en 2016.

Des informations contradictoires du côté algérien

On doit noter que sur ce chapitre les informations communiquées par les autorités algériennes ont évolué au fil du temps. La première information officielle sur la croissance économique en 2017 allait tout à fait dans le sens des chiffres évoqués par le Fond monétaire international.

Elle avait été donnée curieusement par le Gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Loukal, qui avait évoqué cette question en février dernier devant les parlementaires algériens. »Nous avons enregistré une croissance économique de 2,2% en 2017 en dépit d’un fort recul de la cadence de croissance des hydrocarbures », avait précisé M. Loukal lors d’une séance plénière à l’APN consacrée à la présentation du rapport des évolutions financières et monétaires en 2016 et en 2017.

Nos sources indiquent que ces estimations, très précoces, reposaient en réalité sur des « prévisions de clôture » qui n’ont pas été entièrement confirmées par les résultats définitifs sur les performances enregistrées par le secteur des hydrocarbures au cours de l’année écoulée.

Le démenti de Sonatrach

Sonatrach a régulièrement au cours des derniers mois démenti les informations et les rapports évoquant une baisse de la production algérienne d’hydrocarbures. C’est ainsi qu’au cours d’une conférence de presse organisée voici quelques jours par le PDG de Sonatrach sur la « Vision 2030 » de la Compagnie pétrolière nationale, le directeur exécutif SPE de Sonatrach, Farid Ghezali, a expliqué que la production primaire totale de l’entreprise a augmenté de 2%, passant de 192,3 Millions de tep en 2016 à 196,5 Millions de tep en 2017. Cette augmentation est due, selon lui, au « respect du programme de maintenance et à l’amélioration du recyclage du gaz naturel ».

Dans le détail cependant il y a bien eu baisse de la production de pétrole brut et de condensats traités par les raffineries, qui ont diminué de 3% en 2017 « en raison notamment du respect du quota exigé dans le cadre de l’accord de l’Opep » selon les dirigeants de Sonatrach, qui renvoient donc la balle aux accords internationaux conclus par l’Algérie.

En revanche, la production de gaz naturel a augmenté de 5%, passant de 128,5 milliards de m3 en 2016 à 135 milliards m3 en 2017 selon le bilan définitif rendu public voici quelques jours. Des chiffres communiqués par la Compagnie nationale qui sont donc de nature à contredire les informations récurrentes sur les difficultés rencontrées par l’Algérie pour assurer les approvisionnements contractuels avec les partenaires européens en particulier.

Les investissements en baisse sensible

Même si les performances de Sonatrach en matière de production sont donc meilleures que prévues voici encore quelques mois, ce qui peut expliquer le décalage avec les informations publiées hier par le FMI, les chiffres en matière d’investissements ne sont en revanche pas bons du tout, de l’aveu même des responsables de Sonatrach eux-mêmes. La compagnie nationale a réalisé un effort d’investissement de l’ordre de 8,1 milliards de dollars en 2017, en baisse de 8% en comparaison avec l’année 2016.

Selon Farid Ghezali 87% de ces investissements ont servi à financer l’activité exploration-production, soit 7,1 milliards dollars. Les investissements déployés dans l’activité transport par canalisation ont représenté 716 millions dollars, en baisse de 18% par rapport à 2016.

Seuls les investissements réalisés dans l’activité liquéfaction, raffinage et pétrochimie, pour le montant encore modeste de 262 millions dollars, étaient une hausse de 24% en comparaison avec l’année précédente.

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