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Projet de loi sur les hydrocarbures : les critiques de deux experts algériens

Projet de loi sur les hydrocarbures : les critiques de deux experts algériens

Le projet de loi sur les hydrocarbures ne convainc pas les experts algériens. Pour l’économiste et spécialiste en énergie, Mustapha Mékideche, il y a bien « nécessité de réviser le texte en vigueur, mais il conteste « la méthode » et « le timing » choisis par le gouvernement pour lancer la réforme.

« Il y a certes nécessité de réviser la loi sur les hydrocarbures qui n’a pas été un instrument d’attractivité de l’investissement performant notamment par rapport à la loi 86/01 révisée en 1991 », a-t-il expliqué à l’APS ce jeudi, en rappelant que « sous l’empire de cette dernière, l’Algérie a été, en 1998, le premier découvreur d’hydrocarbures dans le monde ».

« On peut citer le marqueur essentiel de son inefficacité : la chute de la production d’hydrocarbures constatée depuis 2007, à ce jour, indiquant bien que la loi en vigueur depuis 2005, révisée en 2013, n’a pas créé un flux significatif d’investisseurs en partenariat avec Sonatrach », a-t-il ajouté.

Il remarque que les capacités financières et techniques insuffisantes de Sonatrach, seule et sans partenaires, sont « insuffisantes pour lui permettre de renouveler les réserves et de maintenir son niveau de production et exportation ».

Si Mékideche admet que  » le timing ne soit pas approprié sur le plan politique et institutionnel pour élaborer et faire approuver une telle loi », y compris, d’ailleurs, « au regard des investisseurs internationaux potentiels qui attendront la mise en place d’institutions légitimes pour la tester », il assure qu' »il n’y a pas de recul en termes de souveraineté sur les gisements découverts ».

« Il y a des opinions qui s’expriment observant même qu’un président légitime n’est pas suffisant et qu’il faudra attendre un nouveau Parlement pour voter une telle loi. Pour le fond, et pour autant que je sache, il n’y a pas, dans le nouveau texte, de recul en termes de souveraineté sur les gisements découverts », a-t-il dit.

Pour lui, le plus important est qu' »il y a, à présent, une problématique émergente, dont il faudra tenir compte s’agissant de la politique des hydrocarbures : celle de la transition énergétique. Cela d’autant qu’à la fin de la prochaine décennie, les courbes de production et de consommation d’énergies vont se croiser ».

Mékideche estime que la vraie question est d’inscrire cette loi dans « une démarche stratégique portant consensus national sur la transition énergétique du pays ». Il pense que « cela ne pourrait se faire que par un président de la République et un Parlement légitime après un large débat national ».

Mustapha Mékideche plaide pour « une loi organique sur la transition énergétique qui encadrerait les différentes composantes de la production et de la consommation énergétique : énergies renouvelables, énergies fossiles y compris le sujet qui fâche des hydrocarbures non conventionnels et la rationalisation du modèle de consommation énergétique ».

Le spécialiste rejoint la liste des experts qui réclament le report de l’examen du projet de loi sur les hydrocarbures. « Après avoir attendu depuis 2014, donnons du temps au temps. C’est ainsi que se construiront les consensus sur les grandes problématiques nationales telle que celle de l’énergie », a-t-il soutenu.

Tewfik Hasni, ex-vice président de Sonatrach et expert en énergies renouvelables, relève que le gouvernement «n’a aucun communiquant qui puisse être convainquant », en soulignant que le Projet de loi sur les hydrocarbures « n’a pas d’objectifs chiffrés sur lesquels on peut être comptables ». «Est ce qu’à un moment quelconque on nous a garanti une rentabilité [sur l’investissement du Gaz de schiste] ? Personne ne parle de rentabilité aujourd’hui et personne ne viendra, demain, contrôler le résultat », a critiqué M. Hasni.

Pour lui, le lobby pétrolier américain et nucléaire français bloquent le développement des énergies renouvelables et empêche du coup l’Algérie de devenir une puissance énergétique en développant le solaire.

« Ces Lobbys qui dépensent 200 milliards de dollars pour contrer les énergies renouvelables, ont des relais en Algérie qui sont derrière cette stratégie que nous rencontrons aujourd’hui», a-t-il dit.

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