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Que reste-t-il du crédit de l’APN ?

Que reste-t-il du crédit de l’APN ?

Le bras de fer entre le président de l’APN et les députés de la majorité renvoie une piètre image des institutions, de la classe politique et de tout le pays. Mais c’est surtout la crédibilité de la chambre basse, et avec elle celle de tout le Parlement, qui en prend un sérieux coup.

La responsabilité incombe assurément à tout le monde. À commencer par ceux qui ont réduit le Parlement, au mépris des dispositions pourtant claires de la Constitution qui en font un contre-pouvoir pour l’action du gouvernement, au rôle de chambre d’enregistrement. Précisément, ceux qui ont mis en place ce système de quotas dans l’élection des députés et de cooptation dans le choix de leur président.

Que reste-t-il du crédit de l’APN lorsque son premier responsable affirme publiquement qu’il attendait un coup de téléphone de la présidence de la République pour démissionner ou rester ? Ou lorsqu’il crie à la face de ses détracteurs que seule « la partie » qui l’a nommé pourra le dégommer ? Ou encore lorsqu’il explique qu’il a renoncé à démissionner après la visite d’un émissaire d’une « haute autorité » qui lui a ordonné de ne pas le faire ?

Quelle que pourrait être cette « partie » et cette « haute autorité », en les invoquant, Saïd Bouhadja a tordu le cou, sciemment ou sans le vouloir, aux dernières illusions quant à un semblant d’indépendance de l’institution qu’il préside. Maintenant, on n’attache même plus du prix aux formes et aux procédures.

La Constitution consacre pourtant sans ambiguïté la séparation des pouvoirs et ne permet en théorie aucune ingérence de l’Exécutif dans le travail et le fonctionnement du Parlement et de la justice. Ahmed Ouyahia et Djamel Ould Abbès, qui font front contre l’actuel président de l’APN, ne sont pas sans le savoir et c’est pourquoi ils ont évité soigneusement de prêter publiquement quelque rôle à la présidence dans la crise qui secoue le Parlement. Ce qui ne les absout toutefois pas de leur responsabilité dans l’impasse institutionnelle actuelle, ne serait-ce qu’en incitant les députés de leurs partis respectifs à engager une action que tout le monde sait illégale.

Le SG du RND a reconnu lors de sa dernière conférence de presse que le président de l’APN est élu pour un mandat de cinq ans, en vertu de la Constitution, et qu’aucune disposition légale ne prévoit sa destitution. Mais son cynisme ne l’a pas empêché de prodiguer au « moudjahid Saïd Bouhadja » le conseil de privilégier la voie de la « sagesse » et de déposer sa démission pour ne pas contrarier ceux qui exigent, illégalement donc, son départ.

Mais les plus à blâmer dans cette gabegie, ce sont assurément les députés de la majorité, qu’ils aient agi de leur propre initiative ou sur injonction. D’abord, en traînant dans la boue un personnage d’une telle importance avec toutes ces histoires de factures, de frais de mission et de prises en charge étalées sur la place publique. Ensuite, en multipliant des actions qui ne reposent sur aucun fondement légal, de la motion de retrait de confiance au président jusqu’au gel des activités du bureau de l’Assemblée et des commissions permanentes.

Ignorer la loi, c’est un écart que ne peut se permettre un législateur sans se couvrir de discrédit. Un discrédit qui n’épargne aucune des parties impliquées dans le conflit ni l’image du pays avec ce spectacle désolant de délégations étrangères rebroussant chemin suite à l’annulation de rendez-vous prévus de longue date dans le cadre de la diplomatie parlementaire.


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