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Que reste-t-il du FFS ?

Que reste-t-il du FFS ?

Le FFS a décidé, vendredi 9 mars, au terme de son Conseil national extraordinaire tenu à l’hôtel Riad (Sidi-Fredj), la tenue d’un congrès extraordinaire dont la date est fixée pour le 20 avril prochain.

Statu quo

Sur la forme, cette décision est conforme aux prévisions. C’est dans le fond que les membres du conseil ont pris de court les observateurs qui s’attendaient, depuis la démission fracassante d’Ali Laskri, à voir la formation politique décider d’en finir avec cette présidence collégiale qui a démontré toutes ses limites en voyant ses membres claquer la porte les uns après les autres et qui, surtout, empêche le parti d’avoir des positions tranchées.

Ce sera donc le statu quo. Les prochaines assises devront tout juste pourvoir les deux postes du présidium laissés vacants par Rachid Hallet et Saïda Ichalalène. Quant à Ali Laskri, dont la démission fut à l’origine de tout ce remue-ménage, il a finalement été « convaincu » de revenir sur sa décision. Au-delà du 20 avril prochain, date retenue pour le congrès extraordinaire, le FFS continuera à être géré par une instance présidentielle collégiale composée de cinq membres, un mode de gestion adopté au congrès de 2013 qui avait coïncidé avec l’annonce du départ définitif du fondateur du parti, Hocine Aït Ahmed.

La décision du Conseil national est surprenante à plus d’un titre. D’abord, appartient-il à cet organe de trancher une si lourde question ? Le maintien ou non du principe d’une direction collective étant naturellement plus importante que l’élection de ses membres, n’eût-il pas été préférable de le débattre aux assises et le laisser à l’arbitrage des congressistes ?

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Qui a peur du débat ?

Mais une telle option semble faire peur au sein du parti. En un mot, dans la conjoncture actuelle marquée par de profondes dissensions entre différentes ailes et la montée des ambitions des uns et des autres, le FFS n’est pas prêt à aller vers un congrès extraordinaire au risque d’aggraver ses fractures. Jeudi, le consensus a été difficilement dégagé entre les deux ailes du conseil national, qui ont finalement coupé la poire en deux : aller vers des assises extraordinaires, mais sans possibilité de débat.

Même la formule de l’élection des nouveaux membres du présidium est ficelée par le Conseil national qui a hésité entre une liste consensuelle et des candidatures séparées, avant d’opter pour la seconde. Les congressistes n’auront plus qu’à lever la main ou glisser un bulletin dans l’urne. Pour le débat, il faudra attendre le congrès ordinaire.

Cet excès de précaution et cette volonté de « fermer le jeu » sont plus des symptômes d’un équilibre précaire, d’une crise latente qui risque de tout emporter, que d’un fonctionnement anti-démocratique.

Le mythe d’Aït Ahmed…

Depuis sa sortie de la clandestinité, en 1989, le parti a toujours été secoué par des crises internes plus ou moins aiguës, pour des questions organiques ou politiques, et seule la présence à sa tête d’un chef incontesté lui a permis de se maintenir à flots et de limiter les dégâts.

N’est-il donc pas temps pour le FFS de confier son destin à une personnalité charismatique pour porter sa voix, trancher les questions importantes et remettre de l’ordre en cas de conflit ?  Et ce ne serait nullement briser le mythe de Hocine Aït Ahmed, contrairement à une certaine idée répandue et peut-être sciemment entretenue parmi les militants du parti.

Les conflits, il y en aura toujours au sein du FFS- comme chez toutes les formations politiques du reste- sur fond de positionnements politiques, d’ambitions et d’égos parfois démesurés. Et ce n’est pas la direction collégiale qui permettra de les éviter ou de les régler. Bien au contraire, on l’a vu ces cinq dernières années, le gros des conflits avait pour origine des dissensions politiques ou d’égo entre les cinq « chefs ». Toutes proportions gardées, même au bon vieux temps des présidiums de l’ex-bloc socialiste, il y avait toujours une tête qui dépasse.

Fuite en avant

Mais au-delà de l’inefficacité de ce mode de gestion et des périls qu’il suppose pour la stabilité organique, c’est surtout sur le plan politique que son maintien risque d’avoir du mal à passer. Cette « fuite en avant » ne peut pas continuer indéfiniment. Le parti sera appelé de nouveau à affronter ses contradictions dans moins d’une année, quand il aura à se choisir un candidat pour l’élection présidentielle de 2019. Que fera-t-il dès lors que la « candidature collégiale » ne sera pas possible ? Il ne restera que l’option du boycott, comme il l’a fait en 2014, sans doute pour les mêmes raisons.

Mais le FFS peut-il se permettre de rater un tel rendez-vous, notamment si le président Bouteflika ne brigue pas un cinquième mandat ? Trouvera-t-il des arguments convaincants pour expliquer son empressement à participer à tous les scrutins, sauf au plus important ?

Aussi, le parti fait maintenant depuis six ans la promotion de son « consensus national », sans pouvoir se mettre d’accord en interne sur une insignifiante question organique. C’est pour le moins inconfortable comme position, contribuant à discréditer l’initiative aux yeux de l’opinion, des militants, des autres partis politiques, du pouvoir et des chancelleries étrangères.

Quant au positionnement du parti, autant dire qu’il est vaporeux depuis qu’il est dirigé par cinq têtes. Au « plus vieux parti de l’opposition », on prête, à tort ou à raison, des velléités de rapprochement avec le pouvoir, sans parvenir à discerner le vrai du faux des intentions des successeurs de Hocine Aït Ahmed.

Faute de consensus et d’une direction forte, le FFS n’arrive plus à avoir des avis tranchés et même l’unique initiative sur laquelle il maintient le cap tant bien que mal, le consensus national, il l’avait décrite lui-même comme « une feuille blanche ». Et si c’est à quoi est réduit le parti depuis le retrait puis le décès de son fondateur ?

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