
C’est sans doute l’une des surprises de la nouvelle équipe gouvernementale en Algérie dévoilée dimanche 14 septembre : la nomination du Professeur Mohamed Seddik Aït Messaoudène à la tête du ministère de la Santé.
Cette désignation consacre le parcours d’un homme peu porté sur les projecteurs, mais unanimement reconnu comme un brillant cardiologue, spécialiste de la rythmologie.
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Ait Messouadène fils retrouve le poste occupé par son père dans les années 1970
Fils de Saïd Aït Messaoudène qui a occupé ce poste entre avril 1977 et mars 1979 sous Houari Boumediene, -considéré comme le père fondateur de l’aviation algérienne pour avoir supervisé la formation des premiers pilotes de l’ANP à la veille de l’indépendance et pour avoir été l’architecte de la nationalisation de la compagnie aérienne nationale Air Algérie-, Mohamed Seddik, a su tracer sa propre voie dans le domaine médical.
Mais, contrairement à son père, plus ou moins connu pour son passé de Moudjahid pendant la Révolution, sa carrière militaire et politique pendant les années 1970 et 1980, le nouveau ministre a emprunté une trajectoire plutôt scientifique.
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Jusqu’à sa nomination, il occupait le poste de chef du service de cardiologie à l’hôpital Mustapha d’Alger.
Il était également vice-recteur à l’Université des sciences médicales et président de la Société algérienne de rythmologie.
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Comme beaucoup de personnes au profil similaire, préférant l’épanouissement loin des projecteurs, son parcours reste peu médiatisé.
On ne connaît que très peu de choses de lui. On lui comptabilise que de rares apparitions furtives sur les écrans de télévision lors de séminaires ou colloques scientifiques.
Un spécialiste reconnu
Professeur de cardiologie à l’Université d’Alger (Benyoucef Benkhedda), il s’est spécialisé en électrophysiologie et dans la prise en charge de l’insuffisance cardiaque.
Auteur et coauteur d’articles scientifiques internationaux, il a contribué aux travaux de l’ESC (European Society of Cardiology) et de l’EHRA (European Heart Rhythm Association) pour l’Algérie, selon les rares références disponibles sur son parcours.
Son nom figure dans plusieurs bases scientifiques internationales : ResearchGate, Google Scholar, AD Scientific Index ou encore ESC365, où sont répertoriées ses publications et ses contributions.
À son actif, plusieurs publications répertoriées, principalement en rythmologie, insuffisance cardiaque et électrocardiographie. En dépit de cette discrétion, le Pr Ait Messouadène connaît les rouages du secteur de la santé en Algérie. Sa nomination a été saluée autant par ses collègues que par certains patients qu’il a suivis.
Un chantier énorme
Le Dr Yacine Terkmane, président du Conseil régional de l’Ordre des médecins de Blida, a salué sa nomination en souhaitant qu’il apportera les changements attendus dans un secteur qui a plus que jamais besoin d’une nouvelle approche de gouvernance.
« Félicitations et souhaits de plein succès au Pr Aït Messaoudène dans sa mission suite à sa nomination ministre de la Santé. L’Ordre des médecins est à la croisée des chemins. Pour lui restituer son rôle de garant du respect de la déontologie et de l’éthique dans l’exercice médical, le code de déontologie médicale, qui date de 1992, nécessite de toute urgence des amendements afin de résorber la déliquescence de l’éthique médicale, tout particulièrement dans le secteur libéral », écrit Yacine Terkmane sur son compte Facebook.
Le professeur Mohamed Seddik Aït Messaoudène arrive à la tête d’un secteur sous le feu des critiques, où les attentes sont immenses. En quête de réforme en profondeur, le système de santé algérien appelle une meilleure gouvernance, une prise en charge adéquate des malades et un retour à une véritable éthique médicale écorchée par la prolifération de certains médecins considérés comme des « charlatans », lorsqu’ils ne sont pas affublés du vocable de « commerçants ».
Au-delà de prendre le pouls d’un système sous tension, ce brillant cardiologue est appelé à administrer une thérapie nationale pour redonner au secteur de la santé la place et la mission qui lui reviennent. Assurément, il aura « du pain sur la planche ».