Direct Live Search
Search

Relations avec l’UE : comment l’Algérie contourne la France

Dans un contexte de fortes tensions avec la France, l’Algérie renforce ses relations avec l’Italie et l’Allemagne, deux poids lourds de l’Union européenne.

Relations avec l’UE : comment l’Algérie contourne la France
Par mehdi33300 / Adobe Stock
Aicha Merabet
Durée de lecture 2 minutes de lecture
Suivez nous sur Google News
Suivez nous Google News
Temps de lecture 2 minutes de lecture

Paris n’est plus le passage obligé vers Bruxelles pour l’Algérie. Alors que certains s’attendaient à des répercussions directes de la crise franco-algérienne sur les relations entre l’Algérie et l’Union européenne, on assiste, au contraire, à un raffermissement des rapports entre Alger et certaines grandes capitales des pays du Vieux Continent, Rome et Berlin notamment.

Le courant anti-algérien en France appelle depuis le début de la crise entre les deux pays, il y a une année, à utiliser l’accord d’association comme levier de pression sur l’Algérie.

A lire aussi : ALERTE. Passeports diplomatiques : l’Algérie répond à la France

Il est encore revenu à la charge après l’annonce par la Commission européenne, le 15 juillet, du lancement d’une procédure d’arbitrage contre l’Algérie à laquelle sont reprochées ses mesures de rationalisation des importations et de régulation des investissements. La droite dure et l’extrême-droite ont saisi l’opportunité de ce bras de fer pour en faire un nouveau terrain de bataille contre l’Algérie.

Douche froide dans les milieux anti-algériens en France

Je crois qu’il serait indispensable de demander que la Commission européenne fasse de la libération de Boualem Sansal un préalable à toute discussion future sur la poursuite de cet accord”, a déclaré le 23 juillet François-Xavier Bellamy, l’adjoint de Bruno Retailleau au parti Les Républicains.

A lire aussi : Maroc – Algérie : Rima Hassan accuse Israël de souffler sur les braises

Le même jour, des images et des échos venus de Rome ont fait l’effet d’une douche froide pour le courant extrémiste en France. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune est reçu en grande pompe et avec tout le faste du protocole italien par le président Sergio Matarella et la présidente du Conseil Giorgia Meloni. À la clé, une trentaine de contrats de partenariat et d’investissement signés et le renouvellement des engagements de fourniture d’énergie à l’Italie sur le long terme.

Alger et Rome ont su faire ces dernières années de leur entente politique historique un tremplin pour une coopération économique intense.

A lire aussi : Défense, pétrole, commerce : les États-Unis misent sur l’Algérie

Après Rome, Alger renforce ses liens avec Berlin

Les réactions entendues en France traduisent un espoir déçu, celui d’une hypothétique solidarité européenne pour faire pression sur l’Algérie. “C’est extrêmement humiliant quand on est français, c’est quelque chose de difficilement supportable”, a avoué le journaliste d’extrême-droite Louis de Raguenel en commentant les images de l’accueil réservé à Tebboune à Rome.

Le journaliste a compris : Giorgia Meloni défend les intérêts stratégiques de son pays. “Ce serait bien qu’on se mette à défendre les intérêts stratégiques de notre pays, plutôt que d’être sans cesse dans la morale et dans la défense d’intérêts qui ne sont pas ceux de la France”, a-t-il ajouté.

Des images similaires pourraient parvenir cette fois de Berlin. Mardi 29 juillet, Abdelmadjid Tebboune a reçu une invitation du président allemand Frank-Walter Steinmeier pour effectuer une visite officielle en Allemagne, à une date qui reste à déterminer. Les deux hommes ont discuté au cours d’un entretien téléphonique des “relations bilatérales entre l’Algérie et l’Allemagne et des moyens de les renforcer dans divers domaines”, a indiqué un communiqué de la Présidence de la République.

Comme leurs homologues italiens, les dirigeants allemands ont su prendre la mesure du poids de l’Algérie dans tous les domaines : acteur clé de la stabilité régionale, fournisseur fiable d’énergie, richesses naturelles, marché intéressant pour les produits européens.  L’Allemagne est notamment sur un ambitieux projet d’acheminement de l’hydrogène vert algérien via la Tunisie, l’Italie et l’Autriche.

Dans les futures discussions avec l’Union européenne, l’Algérie pourra compter au moins sur le concours de deux poids lourds de ce bloc et peut-être même de l’Espagne avec laquelle la diplomatie algérienne a su arrondir les angles. Après une crise qui a duré deux ans, la relation entre Alger et Madrid revient progressivement à la normale. La France, elle, s’est elle-même court-circuitée par la faute d’une partie de sa classe politique qui a fait de la relation avec un grand pays de la Méditerranée un tremplin pour des ambitions électorales étroites.

En resserrant ses liens avec Rome et bientôt avec Berlin, Alger qui a fait la paix avec Madrid, se prépare déjà à l’arrivée de l’extrême-droite ou de la droite dure au pouvoir en France en 2027. Si le président Emmanuel Macron a tenté de construire un partenariat d’exception avec l’Algérie et continue d’essayer de sauver la relation, les intentions de son successeur, s’il est issu de la droite ou de l’extrême-droite, sont déjà connues : durcir le bras de fer et aller à la rupture.

Lien permanent : https://tsadz.co/3f74m

TSA +