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Remaniement ministériel : à quoi obéissent les changements opérés par Tebboune ?

Remaniement ministériel : à quoi obéissent les changements opérés par Tebboune ?

Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a procédé mardi 24 juin à un remaniement ministériel, à peine six mois après la nomination du gouvernement.

Les titulaires des postes régaliens (justice, affaires étrangères, intérieur) restent en place tandis que plusieurs ministres gérant des départements en lien avec l’économie quittent le gouvernement, ou changent de postes.

Les ministères des Finances, de l’Énergie, de l’Agriculture, du Tourisme, des Transports, de la Prospective et de la Transition énergétique ont désormais de nouveaux timoniers.

Aymen Abderrahmane devient ministre des Finances, en remplacement de Abderrahmane Raouia, Abdelmadjid Attar remplace Mohamed Arkab à l’Énergie, Abdelhamid Hamdane prend la tête de l’Agriculture à la place de Chérif Omari, Mohamed Hamidou est nommé ministre du Tourisme en remplacement de Hacène Mermouri.

Mohamed Chérif Belmihoub est nommé ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la prospective et Chamseddine Chitour passe à la Transition énergétique. Son remplaçant à l’Enseignement supérieur s’appelle Abdelbaki Benziane.

À noter aussi la nomination de Lahzar Hani, ancien patron de la filiale algérienne de l’un des géants mondiaux du transport maritime de marchandises CMA CGM Algérie aux Transports, alors que Farouk Chiali reste aux Travaux publics.

L’Algérie cherche surtout à réduire ses importations de services, notamment la facture colossale du transport maritime de marchandises, et Lazhar Hani est un parfait connaisseur de ce secteur.

De tous les départements importants ayant en charge la gestion des différents segments de l’économie, seul celui de l’Industrie est épargné par le remaniement.

Ferhat Aït Ali Braham reste en poste, de même que Kamel Rezig au commerce. Autre fait qui n’a échappé pas aux observateurs, presque tous les nouveaux ministres font leur première entrée au gouvernement ou font un retour après une longue éclipse, comme Abdelmadjid Attar qui a dirigé par le passé Sonatrach et le ministère des Ressources en eau.

Le souci d’insuffler une autre dynamique à l’économie apparait en filigrane dans ces changements qui confirment en outre la course contre la montre engagée pour faire face à la nouvelle réalité économique du pays, sérieusement compliquée par la crise sanitaire et la chute brutale des prix des hydrocarbures.

Le Pr Chitour enfin à sa place ?

Il est encore trop tôt pour conclure à un changement de cap dans la politique économique et financière, mais la volonté d’insuffler du sang neuf à des secteurs névralgiques dans la conjoncture actuelle est manifeste.

Plusieurs des ministres partants sont hérités de l’ancien gouvernement de transition comme Raouiya (Finances), Arkab (Énergie) et Omari (Agriculture) et ça c’est aussi important de le souligner.

En février dernier, le Premier ministre Abdelaziz Djerad avait accusé publiquement le gouvernement précédent d’avoir pris des mesures (économiques et sociales justement) destinées à « semer la zizanie ».

Tout comme on ne peut pas perdre de vue le fait que parmi les secteurs touchés par le changement, il y a précisément ceux sur lesquels des espoirs sont fondés pour trouver des alternatives immédiates au recul des recettes pétrolières, notamment l’agriculture et le tourisme.

La nomination de Abdelmadjid Attar à l’Énergie répond aussi à une autre urgence, celle d’agir sur un double plan pour tenter de retrouver un niveau acceptable de recettes en hydrocarbures : en interne en relançant la production déclinante et en entamant les réformes nécessaires pour adapter le secteur de l’énergie aux transformations en cours à l’échelle mondiale. La récente crise pétrolière a montré l’extrême fragilité de l’économie algérienne face aux fluctuations des prix du pétrole.

« La situation énergétique au niveau mondial a changé depuis près d’une dizaine d’années, notamment à cause de la récession économique mondiale », a-t-il déclaré lors de sa prise de fonction, ce mercredi.

Ancien ministre des Ressources en eau, Attar est en effet un fin connaisseur des arcanes de Sonatrach qu’il a dirigée entre 1997 et 2000, et surtout un expert international dont la voix est écoutée par les acteurs mondiaux du marché énergétique.

Si les changements effectués ne peuvent être mis sur le compte de quelque évaluation faite au bout de seulement six mois d’exercice, le remaniement décidé par Tebboune était néanmoins l’occasion pour rattraper quelques erreurs de casting.

Lorsque, par exemple, Chemseddine Chitour était nommé à l’Enseignement supérieur, des voix s’étaient élevées pour signifier qu’il serait plus utile à la transition énergétique dont il est l’un des plus ardents défenseurs.

Maintenant que c’est fait, il reste à savoir si cela augure de l’enterrement définitif de l’option de l’exploitation du gaz de schiste que le polytechnicien a toujours combattue. Et que l’Algérie a définitivement compris qu’il ne faut plus compter sur les énergies fossiles.

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