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Rencontre avec Chérif Rahmani : « La politique, c’est le terroir »

« Carnet de voyage au Sud : la Vallée du M’Zab » de l’italien Guido Moretti relate son histoire, s’intéresse à la pentapole du M’zab.

Publié en arabe, en français et en italien par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologique et historique (CNRPAH), à l’initiative de la fondation Déserts du Monde, ce beau livre, riche en dessins, détaille ses traditions architecturales et son héritage culturel.

Pour Guido Moretti, professeur d’urbanisme à Bologne, Ghardaia se distingue par son architecture. « Une leçon incomparable, spontanée et parfaite. Comment créer, à partir du désert le plus inhospitalier, des villes, des maisons, des lieux de prière et de marché en parfaite syntonie avec l’environnement et parfaitement habitable», a constaté l’auteur.

Le livre est préfacé par Azzeddine Mihoubi, ministre de la Culture, et par Chérif Rahmani, ancien ministre et président de la Fondation Déserts du Monde. « Beaucoup de gens pensent que tout ce qui est lié au passé, c’est une matière morte parce qu’elle n’est pas utile prosaïquement dans le quotidien. Cette matière est pourtant essentielle. C’est elle qui a nourri la personnalité de base de l’Algérien, qui permet à l’Algérien d’avoir cette estime de soi, cette présence à travers les siècles et, donc, quelque part, de rejoindre les autres civilisations. On ne peut pas appartenir au monde civilisé, si on n’a pas une histoire. Quelque part, ce livre est un fil conducteur qui nous permet de nous relier aux autres civilisations mais c’est également un relais pour pouvoir aller avec résolution et avec intelligence vers l’avenir », a déclaré à TSA, Chérif Rahmani, en marge d’une séance de présentation de l’ouvrage au SILA.

«Pas de modernité, sans histoire »

« Chaque région a une singularité et une personnalité. D’où, les livres que nous sommes en train d’éditer en partant de la région du M’Zab. C’est une série, même si je n’aime pas ce mot. C’est le commencement de quelque chose qui ne peut s’interrompre parce que l’Histoire, le patrimoine, la culture n’ont pas de fin. L’essentiel est de les faire vivre dans la mémoire, mais également dans notre quotidien. Nous allons vers une autre halte en tant que voyageurs vers le Touat-Gourara, vers les Ziban, vers Oued Souf, vers le Tassili, le Sahara central, vers la Souara, les Oasis. Nous allons aller dans toutes ces régions. Nous voulons qu’elles soient revisitées par notre jeunesse », a-t-il appuyé.

Les livres qui vont paraître sur ces régions seront, selon M. Rahmani, considérés comme des ouvrages de mémoire et de témoignages. « Ces livres permettront de relier l’Algérie à son passé, l’amarrer à son Histoire et au monde moderne. Il ne peut y avoir Histoire, sans mémoire. Et pas de modernité, sans Histoire », a-t-il dit. Chérif Rahmani rappelle les travaux de l’universitaire Youssef Nacib sur les cultures oasiennes, les villes algériennes comme Boussâada ou Miliana et les légendes et contes populaires (ouvrages publiés par l’Office des publications universitaires).

« Il y a toujours, quelque part, quelque chose qui manque… »

Chérif Rahmani nous a confié avoir finalisé l’écriture de cinq ouvrages. « Je voudrais revenir vers le développement des territoires, vers l’enracinement dans le territoire. La politique, c’est le terroir. Il n’y a pas de politique sans terroir », a-t-il souligné.

Chérif Rahmani, qui a été huit fois ministre, a soigneusement évité de répondre à la question de savoir s’il comptait revenir à l’action politique. Interrogé sur les protestations dans le sud du pays, notamment à Ouargla, Chérif Rahmani a répondu en disant que les imperfections existent dans toutes les régions du pays. « Il y a toujours, quelque part, quelque chose qui manque à l’appel des citoyens. Je comprends l’impatience et l’insatisfaction du citoyen. Elles sont naturelles », a-t-il conclu.

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