L’huile d’olive « Dahbia » vient d’être récompensée à l’international. Ce label est produit en Algérie, dans la commune de Benhar (Ain Oussara) wilaya de Djelfa par l’oléiculteur et moulinier Hakim Alileche (47 ans), originaire des Ouadhias (Tizi-Ouzou). Avec son huile d’olive issue d’une culture biologique, il vient de remporter un prix du concours international Dubai Olive Oil Competition ‘DOOC’, dans la catégorie ‘extra vierge’ récolte précoce. Un sésame qui lui ouvre les portes des boutiques de luxe dans le monde entier à l’instar de Paris, New York, Tokyo, Dubaï…
TSA : Vous venez de remporter un prix d’un prestigieux concours : ‘Dubaï Olive Oil Competition’, avec votre huile d’olive estampillée ‘Dahbia’. Quel est votre sentiment ?
H. A. : Joie, fierté et sentiment de confiance en moi. Ce prix est la preuve que lorsqu’on entreprend un projet sérieusement, on peut réussir. J’ai décroché une récompense avec mon huile d’olive produite en Algérie.
Une huile qui est très recherchée dans le monde et qui peut rivaliser avec d’autres produits à l’international. Je suis fière de faire connaitre « Dahbia« , une huile d’olive algérienne sur le marché prémium, un marché de luxe à l’international.
TSA : Quelle suite pour vos produits après ce couronnement à Dubaï ?
H. A. : L’organisateur de ce concours dispose d’espaces de vente prestigieux. Des boutiques de luxe dans le monde : Paris, New York, Brésil, Tokyo… L’huile d’olive Dahbia sera commercialisée dans ces pays.
Aussi, j’ambitionne d’exporter mes produits prochainement. J’ai pris connaissance des démarches, et j’ai appris que beaucoup de facilitations sont consenties par les pouvoirs publics dans ce sens, ce qui m’encourage à aller de l’avant.
TSA : Depuis quand avez-vous investi le créneau de producteur d’huile d’olive ?
H. A. : 16 ans. La plantation des oliviers s’est faite de manière progressive. Chaque année, nous plantions 1000 à 2000 arbres. Aujourd’hui, sur mon champ d’une superficie de 40 hectares, 15 000 oliviers sont plantés. Mon choix s’est porté sur la région d’Ain Oussara (Djelfa) car il y a de grands espaces et beaucoup d’eau dans cette région. C’est une culture biologique, sans fertilisants, ni engrais chimiques.
TSA : L’olivier est un arbre méditerranéen. Le climat de Djelfa influe-t-il sur la qualité de l’huile que vous produisez ?
H. A. : L’huile d’olive est produite dans une trentaine de wilayas, pas uniquement dans les villes côtières. L’olivier a besoin d’eau et de soleil pour s’épanouir. La terre rocheuse et calcaire de Djelfa ainsi que son climat sont parfaits pour produire une huile d’olive de qualité.
TSA : Quel type d’olivier avez-vous planté ?
H. A. : Il s’agit d’’Achemelal’, une variété d’olivier qui pousse essentiellement en Kabylie et qui s’est parfaitement adapté au climat de Djelfa où j’ai développé ma production d’oléiculture.
TSA : Pourquoi avez-vous investi dans la production de l’huile d’olive ?
H. A. : L’huile d’olive est un produit noble et sacré. En me lançant dans l’entrepreneuriat, ma passion pour mon métier d’oléiculteur n’a fait qu’augmenter. J’ai 15 000 oliviers. Je les connais un par un, les caresse et leur parle. J’ai cinq enfants et je prends soin de mes arbres comme s’ils étaient le fruit de mes entrailles.
TSA : Quel est le secret de la qualité de votre huile d’olive ? Et qu’elle est la différence avec les autres huiles d’olive qu’on trouve sur le marché ?
H. A. : Pour produire une huile d’olive de haute facture, il faut respecter un certain processus lié à la cueillette, à la trituration et au stockage. Dans mon exploitation, la trituration des olives s’effectue quelques heures après la cueillette, ce qui produit une huile d’olive non oxydée. Une huile d’excellente qualité.
TSA : Qu’est-ce que la pression à froid ?
H. A. : Une fois les olives broyées, on fait l’extraction à froid, sans utiliser la chaleur.
TSA : Quelle différence entre huile fruité vert et fruité mûr ?
H. A. : Le fruité vert correspond à des huiles d’olive produites à partir d’olives cueillies vers le mois d’octobre, quand elles sont encore vertes et pressées rapidement. Cette huile est riche en polyphénols, des antioxydants qui sont excellents pour la santé. Le pourcentage de rendement est de 9 à 10 % seulement contre 18 % si on laisse le fruit mûrir et devenir noir, mais cela en vaut la peine.
TSA : En Algérie, où peut-on acheter « Dahbia » ?
H. A. : Uniquement dans quelques épiceries fines à Alger. Notre marque n’est pas présente dans la grande distribution car notre production est très limitée.
J’ai sacrifié la quantité au profit de la qualité. Les prix sont plus élevés. Cela coûte entre 1400 et 2000 da le litre. Dahbia est conditionnée dans des bouteilles d’un demi- litre. Mes vergers sont organiques. La récolte des olives se fait de manière précoce vers le mois d’octobre.
J’utilise un moulin acquis en Toscane (Italie). Un moulin de dernière génération qui triture les olives exclusivement à froid. C’est tout ce processus qui donne une huile ‘extra vierge’ de très bonne qualité.
TSA : Vous avez dit que vous pourriez vendre « Dahbia » à 120 euros le litre…
H. A. : Toutes les huiles de cette catégorie sont vendues à ce prix. Elles sont riches en phénols. En plus, elles ont un faible indice en peroxyde et un faible taux d’acidité. Ces huiles d’olive aux arômes délicats, aux vertus incroyables et à la qualité supérieure sont très recherchées par les connaisseurs du monde entier.
TSA : Aujourd’hui un litre d’huile d’olive coûte plus cher qu’un baril de pétrole (120 euros le litre)…
H. A. : L’huile d’olive, comme tous les autres produits agricoles d’ailleurs, peut constituer une alternative à la production pétrolière. Il y a là des parts de marché à prendre et une ouverture à l’exportation à saisir à condition d’offrir un produit de qualité.
TSA : Quel type d’huile d’olive peut-on utiliser pour la cuisson ?
H. A. : Toute bonne huile d’olive peut être utilisée dans les cuissons à condition de ne pas trop la chauffer. Sinon, elle fume et perd ses valeurs nutritives.
TSA : L’Algérie produit de grandes quantités d’huile d’olive, mais on n’en exporte pas beaucoup. Pourquoi à votre avis ?
H. A. : Pour pouvoir se placer dans ce business international, il faut oublier les anciennes pratiques comme celles de laisser les olives s’entasser dans un coin avant de les triturer. La qualité de l’huile passe aussi par ce genre d’efforts à faire et d’habitude à changer.
TSA : Quelle est la taille du marché local ?
H. A. : La consommation de l’huile d’olive est faible en Algérie : un litre par habitant et par an en moyenne, contre par exemple 20 litres par habitant en Grèce.
TSA : « Dahbia » est le nom que vous avez choisi pour votre marque. Pourquoi ?
H. A. : C’est un hommage aux trois femmes de ma vie qui portent toutes ce prénom : ma grand-mère paternelle, ma mère ainsi que mon épouse.
TSA : Avez-vous d’autres challenges ?
H. A. : Oui. Je me lance prochainement dans la transformation de produits agricoles. Pour ce faire, je viens de monter une unité industrielle à Ain Oussara (Djelfa). Pour commencer, je m’attaque au conditionnement de l’oignon, de l’ail et de la pomme de terre, disponibles en grandes quantités dans la région et que les consommateurs pourront bientôt trouver sous forme de poudre, et de flocons dans leurs assiettes.