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Réouverture des frontières de l’Algérie : la mise en garde d’un spécialiste

Réouverture des frontières de l’Algérie : la mise en garde d’un spécialiste

Pr Salah Lellou, est chef du service de pneumologie de l’Établissement hospitalier-universitaire d’Oran (EHUO). Dans cet entretien, il s’exprime sur les demandes de réouverture des frontières de l’Algérie. Il explique la décrue de l’épidémie de coronavirus en Algérie.

Comment se présente la situation épidémiologique liée à la pandémie de la Covid-19 dans la wilaya d’Oran ?

Nous avons remarqué, depuis maintenant trois semaines, une diminution nette des patients qui viennent en consultation au niveau des structures hospitalières de la wilaya d’Oran pour la Covid-19. Cette diminution est constante et on voit chaque jour le flux de malades qui affluent vers les centres de consultations qui diminuent considérablement. Ce qui est important à souligner c’est qu’il n’y a plus de cas sévères. Nous avons des malades qui présentent des symptômes bénins qui peuvent être pris en charge pour la plupart chez eux. Les cas de détresse respiratoire ou les patients qui manquent d’oxygène, on en voit rarement. Notre baromètre c’est la réanimation. Au niveau des soins intensifs, on voit qu’il y a moins de malades qui arrivent. Aussi, pratiquement tous les services ont repris leur activité normale après avoir été dédiés exclusivement à la lutte contre l’épidémie du Covid, eu égard à la diminution importante des contaminations. Pour autant, il ne faut pas crier victoire. Pour le moment, le constat est là, c’est vrai, mais ce n’est pas impossible que l’épidémie reprenne de plus belle, surtout si on ne respecte pas les règles de prévention.

« Heureusement que les frontières de l’Algérie sont toujours fermées »

Après l’ouverture des plages et des mosquées ainsi que la reprise des activités commerciales et économiques, et bien que les consignes ne soient pas respectées, la décrue se poursuit. Comment l’expliquez-vous  ?          

Je suis tout à fait d’accord avec vous dans la mesure où il n’y a pas beaucoup de gens qui portent le masque, certains se font des accolades et des embrassades, et on assiste à des regroupements. Quelque part, je me dis que ce qui nous a protégés c’est la fermeture des frontières. Si vous voyez les pays qui ont rouvert leurs frontières, les contaminations ont repris. À l’instar des Tunisiens qui étaient les moins touchés en s’y préparant bien, en prenant des mesures comme la fermeture des frontières. Mais dès qu’ils ont ouvert à nouveau les cas ont commencé à augmenter. En ce qui nous concerne, heureusement que les frontières de l’Algérie sont toujours fermées et les ressortissants rapatriés ont été bien pris en charge.

Il y a de plus en plus d’appels pour la réouverture des frontières. Quel est votre avis ?

C’est vrai qu’il y a une demande. Des ressortissants sont bloqués à l’étranger et attendent de rentrer. Mais il me semble qu’il y a un programme qui se fait graduellement pour leur rapatriement. À mon avis, tant qu’il y a une flambée en France, en Espagne, au Maroc et la Tunisie, des pays avec lesquels nous avons le plus de contacts, je pense que c’est prendre un risque que de procéder à la réouverture des frontières. On peut contrôler quand il s’agit de petits groupes qu’on rapatrie, mais s’il y a une ouverture totale, les choses vont être difficiles. D’ailleurs, lorsqu’au mois de mars l’État a pris des dispositions assez rapidement, parmi lesquelles la fermeture des frontières, nous n’avons pas eu la grande vague qu’on appréhendait. Cette fermeture était progressive, et plus les gens rentraient et plus la courbe de la Covid-19 grimpait. Aujourd’hui que les frontières sont encore fermées, on voit que la courbe diminue. Je pense que le maintien des frontières fermées en est une des raisons, parce qu’on remarque que beaucoup de gens ne respectent pas les gestes barrières.

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