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Retour de la Syrie à la Ligue arabe : l’isolement du Maroc s’accentue

L’isolement diplomatique du Maroc s’accentue sur la scène internationale. Après le rétablissement des relations entre l’Arabie et l’Iran, le royaume se prépare à encaisser un nouveau coup dur, avec le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe.

Après douze ans d’exclusion en raison de la guerre civile qui ravage ce pays, la Syrie s’apprête à reprendre sa place au sein de l’organisation panarabe.

Lancé par l’Algérie il y a plusieurs mois, le processus de réintégration de la Syrie au sein de la Ligue arabe devait se concrétiser lors du dernier sommet de l’organisation panarabe le 1er novembre dernier à Alger.

Mais il a été reporté à la demande de Damas qui avait demandé à ce que la question ne soit pas soulevée lors du Sommet de la Ligue arabe d’Alger. Mais la diplomatie algérienne a déblayé le terrain pour le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe. Un retour qui pourrait être acté lors du prochain Sommet arabe le 19 mai prochain à Riyad.

En pleine détente avec l’Iran avec qui elle a rétabli ses relations après des années de brouille, l’Arabie saoudite a accueilli vendredi 14 avril un mini-sommet arabe informel à Djeddah en présence de l’Égypte, l’Irak, la Jordanie, le Qatar, le Koweït, Bahreïn, Oman et les Émirats arabes unis.

Le sujet de la réintégration de la Syrie au sein de la Ligue arabe a été abordé par les chefs de la diplomatie de ces pays. Le Maroc, qui s’estime pourtant allié des monarchies du Golfe, n’a pas été invité. Tout comme l’Algérie, mais pour d’autres considérations liées davantage à la volonté de l’Arabie saoudite de reconquérir le rôle de leadership arabe.

Le Maroc, grand perdant des réconciliations saoudiennes

Lors de cette réunion, et sans trancher sur la question, du moins officiellement, les chefs de la diplomatie des pays participants ont souligné « l’importance d’avoir un rôle de leadership arabe » dans les efforts visant à mettre fin à la crise syrienne, de mettre en place les mécanismes nécessaires pour ce rôle et d’ « intensifier les consultations entre les pays arabes pour assurer le succès de ces efforts. »

Ils ont convenu que la « solution politique est la seule issue pour la crise syrienne ». Une position qui a toujours été défendue par l’Algérie qui a maintenu, contre vents et marées, ses liens avec la Syrie pendant que ce pays était mis au ban de la Ligue arabe et de la communauté internationale.

Chef de file du pays du Golfe, l’Arabie saoudite accélère son rapprochement avec la Syrie. Elle a accueilli mercredi 12 avril, soit deux jours avant la rencontre de Djeddah, le ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Meqdad, pour la première visite du genre depuis l’éclatement de la guerre civile en Syrie. En 2012, l’Arabie saoudite avait rompu ses relations avec le régime de Damas et a soutenu les rebelles syriens.

Fayçal Meqdad, qui est attendu ce samedi 15 avril à Alger pour une visite de travail, ne se rendra pas au Maroc, grand perdant de la réconciliation entre l’Arabie saoudite et la Syrie. Rabat royaume, qui avait rompu lui aussi ses relations avec Damas, s’oppose même au retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe.

Selon la presse marocaine qui a repris le Wall Street Journal, Rabat pose une question pour donner son accord au retour de Damas au sein de la Ligue arabe qui est celle de la fin du soutien de la Syrie au Front Polisario et au peuple sahraoui qui lutte pour son indépendance.

Une condition qui a peu de chances d’être satisfaite par Damas. En revanche, le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe, qui semble inévitable, va fragiliser davantage le poids du Maroc sur la scène arabe, et accentue son isolement diplomatique.

Le Maroc, qui n’a pas envoyé d’aides à la Syrie lors du dernier séisme qui a frappé ce pays et dont le roi Mohamed VI n’a même pas envoyé un message de condoléances au peuple syrien, a commis l’erreur de miser sur une coupure définitive avec Damas.

Grand perdant de la réconciliation entre l’Arabie saoudite et l’Iran, le royaume va cueillir les fruits amers de sa politique de suivisme vis-à-vis de Riyad. Il ne lui restera plus que nous, son prétendu nouvel allié israélien, pour se consoler, en attendant d’autres déconvenues.

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